Le Guilvinec est l’une des plus petites communes du département. Mais son nom est connu bien au-delà. Le Guilvinec est le premier port français de pêche artisanale. Cette activité a toujours représenté le poumon économique de la ville mais depuis 2000, elle a nettement baissé. Rencontres.
Le Guilvinec compte 2658 habitants. C’est deux fois moins qu’il y a 50 ans. Aujourd’hui, on recense 100 bateaux en activité. On en comptait 37 de plus il y a 20 ans.
Autant le dire tout de suite, l'ambiance au Guilvinec le jour de notre venue fut assez morne. Peu de monde en ville malgré le marché et le ciel éclatant. La population sur ces terres Bigouden est plutôt farouche. Adresser la parole au premier gars de la ville qui passe, n'est pas forcement dans la nature de tous, alors si on ajoute une caméra... Le silence est parfois un art.
Au Guilvinec, là où la population a connu de telles fermetures d'usines et déclin d'activités, les murs parfois en disent plus que les gens.
Ronan vit sur le territoire depuis toujours. Ce breton est natif du village, il aime l'ambiance. Le "Guil" c'est chez lui. Cet ouvrier d'usine porte un regard nostalgique sur son port. Dans sa jeunesse une effervescence se dégagait de ce quartier, au coeur du "Guil" et qui s'étendait sur toute la ville.
"Moins de gens dans les rues"
Quand la pêche était plus côtière, les marins revenaient le soir et contribuaient à la vie du village. Depuis la transformation de l'activité, les marins embarquent sur de plus longues périodes, souvent quinze jours. Ils n'habitent plus forcément sur place, et la rue de la Marine que Ronan a connue si vivante n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Les marins restent à quai. Pour les apercevoir, il faut grimper en haut du Belvédère.
"Ce n'est plus une ville ouvrière"
Philippe Jolivet est né au Guilvinec, il y a 68 ans. La pêche, cet ancien patron pêcheur l'a bien connue. Le travail de la mer est une activité à l'année, ce qui n'est pas le cas de l'industrie du tourisme. Philippe le répète, insiste, "le tourisme c'est juste deux mois, la pêche c'est tous les jours".
À l'écouter, le Guil a besoin de jeunes, et de retrouver son dynamisme perdu avec le départ des usines.
"Une minorité de jeunes prennent la mer"
La pêche incarne un savoir-faire de père en fils. Sauf que la tradition se perd. La pénibilité du métier a fait fuir la nouvelle génération. Les jeunes préférent poursuivre leurs études, plutôt que de lever l'ancre.
D'avoir vu la dureté du métier par leurs parents, les enfants de marins pêcheurs ont très souvent pris une autre voix. Replacé un temps par les enfants d'agriculteurs de la région, les nouveaux marins sont aujourd'hui des jeunes des quatre coins de France. Le port change. La ville se transforme.
"Pourvu que le tourisme ne gâche pas l'authenticité du Guilvinec"
Maël Drezen est également originaire du Guilvinec. Il ne se lasse pas de ce littoral et ses paysages, "une partie de lui". Maël souhaite voir se développer le local, les coopératives et les marchés locaux. Le Guilvinec, Maël l'aime comme il est, ce jeune trentenaire souhaite que les commerces perdurent et que le tourisme qui semble gagner du terrain sur toute la Bretagne ne transforme pas l'âme de ce port ouvrier.
Paroles Citoyennes au Guilvinec le reportage complet
Aujourd'hui les retraités ont remplacé les marins dans les rues du Guilvinec. La beauté de la côte attire et la population qui vient s'y installer, cherche un endroit paisible pour les vieux jours.
30% des habitations sont des résidences secondaires. Grâce à la pêche, la ville reste toutefois l’une des premières destinations touristiques du pays bigouden. Le tourisme arrive doucement sur ce territoire vrai, magnifique, dont la lumière n'a pas fini de d'éblouir le rivage.