En 30 ans et 15.000 heures de travail minutieux, Jean Pouliquen a reproduit en modèle réduit le bourg de Lampaul-Guimiliau tel qu'il était au XVIIe siècle. Une crèche originale qui attire, chaque année, près de 10.000 visiteurs dans cette petite commune du Finistère nord.
"C’est remarquable, vraiment authentique, pas kitsch du tout. C’est un travail extraordinaire de patience et de beauté. Ça retrace aussi l’histoire du bourg, de plein de maisons…"
Originaire de Carantec, Sophie n'en revient pas. Elle vient de passer la porte de l'église Notre-Dame de Lampaul-Guimiliau dans le nord du Finistère et découvre avec émerveillement la crèche et le bourg patiemment reproduits en modèle réduit depuis 30 ans par Jean Pouliquen, doux rêveur, maçon autodidacte et passionné d'histoire.
"J’ai regardé comment faisaient les couvreurs et j’ai refait la même chose, en plus petit. Mais le résultat doit rester le même", s'amuse l'artiste. Pour chaque bâtisse, c'est environ 7 à 8.000 petits cailloux glanés çà et là "en me promenant" et plus de 800 mini ardoises patiemment assemblées en près de 500 heures sur une structure en bois.
"Je mets un tiers de ciment, un tiers de chaux. Pour que ça tienne, je mets des petites pointes sinon, tout casse, le ciment ne colle pas sur du bois."
"Vous pouvez y aller, c’est du costaud, s’enorgueillit Jean Pouliquen. C’est de la pierre de la région, dure comme la tête d’un Breton !"
À travers ces maquettes, c'est l'époque glorieuse du Lampaul-Guimiliau du XVIIe siècle que nous conte ce féru d'histoire.
J’ai voulu, au fil des années, montrer aux Lampaulais leur origine et leur racines. Tout ce qu’il y a ici se trouve exactement autours de l’église, dans l’état que l’on voit là sur place
Jean PouliquenArtiste et maçon autodidacte
"Lampaul-Guimiliau était très riche de sa fabrique de cuir, des moulins et du lin. Autours de l’église, il y avait ce moulin à tan. Les écorcheurs allaient dans la nature récupérer des écorces d’arbre et on traitait le cuir avec ce tan, ces écorces broyées."
C'est une époque où la ville est une place forte dans le commerce du cuir : elle en produit 1 000 tonnes par an. " J'ai reproduit le séchoir, on y voit les peaux de bêtes déjà sèchent et qui vont partir aux quatre coins du monde." Le commerce des chevaux y est aussi florissant.
15.000 heures de travail
En 30 ans, l'artiste a consacré plus de 15.000 heures à fabriquer ce village d'antan, 15.000 heures de travail " et de bonheur ! Même si de temps en temps, je me suis tapé sur les doigts…"
Chaque année, pendant les fêtes, Jean Pouliquen expose son mini village dans l'église Notre-Dame de Lampaul-Guimiliau. Un passage obligé pour des milliers de visiteurs désormais :
"La crèche, c'est un mois durant laquelle il y aura des centaines, voire des milliers de personnes sur notre commune qui vont venir voir notre patrimoine" se réjouit Philippe Morvan, adjoint à la vie associative de Lampaul-Guimiliau.
L'exposition est ouverte au public jusqu'au 14 janvier, de 9 h à 17 h 30 en semaine, l'après-midi seulement le week-end. Visite guidée possible sur réservation : 07 78 32 89 11.
(Avec Claire Villalon)