Une centaine de plantes sont considérées comme invasives en France. Ces espèces exotiques envahissantes peuplent notamment les jardins. On les plante parce qu'elles sont jolies et originales. Mais il ne faut pas se fier à leur air inoffensif car elles peuvent être néfastes pour la biodiversité et la santé.
Renouée de Bohême, impatience de l'Himalaya, arbre à papillons, mimosa d'hiver, herbe de la pampa, etc... Derrière leurs noms qui sonnent comme une invitation au voyage, ces espèces exotiques envahissantes sont loin d'être inoffensives pour la biodiversité. Elles sont d'ailleurs l'une des causes de sa dégradation et font l'objet d'une réglementation nationale depuis 2018.
Alors, avant de les introduire dans son jardin parce qu'elles sont jolies et qu'elles apportent une touche singulière, mieux vaut d'abord y réfléchir à deux fois. Au risque, sinon, de les voir s'échapper pour aller coloniser un autre bout de terre un peu plus loin. Et encore un autre jusqu'à se propager à la vitesse grand V et remplacer les espèces naturellement présentes sur un territoire.
Voilà pourquoi on les qualifie d'invasives : elles entrent en concurrence avec la flore locale. A l'impact environnemental, s'ajoute également un risque pour la santé car elles peuvent être hautement allergisantes.
Ecosystème déséquilibré
Le Conservatoire botanique national de Brest a dressé une liste de ces plantes non-indigènes qui arrivent ici de plusieurs manières. Il y a celles qui viennent de loin, sont commercialisées et plantées dans les jardins. Et celles, plus limitrophes, que l'on rapporte sans le savoir car leurs graines s'agrippent aux semelles des chaussures, aux roues des camions, des trains, des voitures. "La soliva sessilis, par exemple, est une petite plante qui est apparue en Bretagne ces dernières années, explique Eva Burguin, référente pour les espèces exotiques envahissantes au Conservatoire botanique de Brest. On la trouve d'ordinaire plus au sud sur la façade Atlantique, comme en Vendée. On en a découvert sur les parkings des plages du Morbihan".
Dans les jardins bretons, le laurier palme se taille une place de choix. "Il pousse vite et forme une haie dense, souligne Eva Burguin. Mais cette espèce a une grande capacité de dissémination. Notamment en forêt où elle va prendre la place d'autres arbustes et déséquilibrer l'écosystème".
Végétal local
Ne pas planter n'importe quoi dans son jardin est la première des règles. "Il faut déjà s'assurer que l'espèce ne pose pas de problème" précise la botaniste. Laquelle rappelle l'existence de la marque Végétal local, un outil de traçabilité des végétaux sauvages et locaux créé en 2015 par les Conservatoires botaniques nationaux. Une vingtaine de pépiniéristes et semenciers bretons ont adhéré à la démarche.
Les plants et graines qu'ils vendent sont issus de collectes en milieu naturel. Le terme local se réfère aux onze grandes régions écologiques qui ont été définies dans le cadre de la marque. Pour la Bretagne, on parlera ainsi du massif armoricain. "L'objectif est de garantir la traçabilité de ces végétaux et la conservation de leur diversité génétique, souligne Végétal local sur son site. Cela permet d'avoir sur le marché des gammes adaptées pour la restauration des écosystèmes".
Savoir reconnaître les espèces invasives (une centaine en France), ne pas les planter, privilégier les espèces locales, c'est la clef pour préserver la biodiversité.