BIODIVERSITÉ. Dans les Monts-d'Arrée, la réserve naturelle du Venec gagne du terrain

Avec une surface multipliée par sept, la réserve naturelle nationale du Venec, dans les Monts-d'Arrée, passe de 48 à 334 hectares. Cette zone humide, composée d'une tourbière bombée, de landes et de prairies, abrite de nombreuses espèces protégées.

De 48 hectares, la réserve naturelle nationale du Venec, dans les Monts-d'Arrée, est officiellement passée à 334 hectares par décret du 23 mai 2023.

Ce projet d'agrandissement, lancé il y a 6 ans à l'initiative de Bretagne Vivante (qui gère le site depuis 1994), trouve donc sa concrétisation aujourd'hui, "après de nombreuses discussions et réunions avec les agriculteurs, les élus, les chasseurs et les différentes associations, précise Emmanuel Holder, conservateur de la réserve. On a réussi à estomper pas mal d'inquiétudes".

Le naturaliste souligne encore que l'extension du périmètre de la réserve naturelle ne signifie pas "une mise sous cloche" de celle-ci. "Il y aura toujours de l'agriculture, de la sylviculture, de la chasse et des randonnées, dit-il. L'endroit reste ouvert à l'Homme mais sous certaines conditions".

Des espèces rares, protégées mais vulnérables

Outre la dernière tourbière bombée encore active de Bretagne, la réserve naturelle nationale du Venec abrite également des landes et des prairies maigres. Dans cette zone humide des Monts-d'Arrée, la biodiversité est riche et remarquable.

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On y trouve une multitude d'espèces animales protégées - telles que le Sympétrum noir, le papillon Damier de la succise, le castor d'Europe ou la vipère péliade. De même que des espèces végétales sensibles comme la violette des marais, l'orchidée tachetée, le rossolis à feuilles rondes ou encore la seule station de Sphaigne d'Austin en France. Une faune et une flore rares et vulnérables qu'il est impératif de préserver.

"Ce sont des milieux où l'habitat naturel a été beaucoup détruit au fil du temps, observe Emmanuel Holder, pour en faire, par exemple, des terres d'épandage de fumier. Les landes ont été cassées pour y mettre du résineux, ce qui n'est pas un succès écologique puisque les tapis d'aiguilles stérilisent la terre et privent les animaux d'un garde-manger et d'un refuge".

La lande, autrefois entretenue par la main humaine, "soit par le fauchage soit par le pâturage", a été délaissée par l'agriculture, se couvrant peu à peu de fourré forestier. "Or, explique le conservateur de la réserve, nous avons besoin de la lande et nous voulons la garder pour les oiseaux qui nichent uniquement dans ces milieux ouverts. Voilà pourquoi nous la restaurons petit à petit". Bretagne Vivante a même installé ses propres troupeaux de vaches nantaises et bretonnes pie-noir, lesquelles se chargent de l'entretien.

Protéger, conserver et connaître

La tourbière du Venec constitue une zone de stockage massif du carbone, "une richesse nationale et une curiosité locale, à l'origine de nombreux contes et légendes". Toutefois, souligne l'association de protection de la nature, "elle ne pouvait se maintenir que par la présence des landes tourbeuses, des prairies pauvres. L'extension de la réserve permet d'ajouter au périmètre de protection une zone qualifiée 'd'arrière Venec' qui intègre une mosaïque de ces habitats".

Pour Emmanuel Holder, une réserve naturelle est "l'outil idéal pour protéger, conserver et connaître la nature". Celle du Venec, créée en 1993, s'offre à la découverte depuis 30 ans.

Pour célébrer son extension et cet anniversaire, ainsi que la nouvelle muséographie de la Maison de la réserve naturelle qui vient d'être entièrement rénovée, deux jours d'animations seront organisés à Brennilis les 17 et 18 juin prochains.

 

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