Elles ont cinq heures pour inventer l'industrie du futur. Ce mercredi, à Brest, des lycéennes ont participé au challenge InnovaTech organisé par l'association Elles bougent. Derrière ce concours 100 % féminin, un seul enjeu : faire tomber les stéréotypes et construire la mixité dans les métiers scientifiques et technologiques.

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Au deuxième étage du Campus des industries navales à Brest, ce mercredi matin, les idées fusent autour des tables. Juliette, Zia et Tatiana planchent sur un projet de conteneur de déchets intelligent. Un peu plus loin, Flora, Julia, Tiphaine et Annwen réfléchissent à un système de réutilisation des bouteilles en verre usagées. Un autre groupe travaille sur la création d'une borne connectée pour améliorer la prise en charge des patients qui arrivent aux urgences de l'hôpital.

Toutes sont lycéennes et ont cinq heures, pas une de plus, pour concevoir un produit ou une solution innovante. Bienvenue à la 7e édition du challenge InnovaTech en Bretagne, un concours 100 % féminin initié par l'association Elles bougent. Objectif : susciter les vocations auprès des adolescentes dans les métiers technologiques et scientifiques, majoritairement masculins.

"Prendre sa place"

Quand elle a entendu parler de ce concours, Zia a immédiatement rédigé une lettre de motivation pour y participer. Elle est en seconde au lycée Sainte-Anne à Brest. Elle sait déjà qu'elle choisira des spécialités scientifiques en première. Elle dit aussi que, "dans cet univers très masculin, les femmes sont très souvent sous-estimées". Tatiana acquiesce. "Nous voulons montrer que c'est possible d'y prendre sa place". Elle, elle est en première STIDD (Sciences et technologies de l'industrie et du développement durable). "Cette journée me permet d'être sur un projet concret et de découvrir le monde de l'innovation".

A leurs côtés, pour les guider, deux marraines Elles bougent : Stéphanie, gradée à l'Ecole des mousses de la Marine nationale et électricienne dans le nucléaire, et Emilie, ingénieure informatique dans le bureau brestois du Groupe Sopra-Steria, leader européen dans le domaine numérique et digital. 

Entre elles, pas de hiérarchie. L'espace d'une journée, les lycéennes se mettent dans la peau d'une ingénieure. Elles construisent ensemble leur projet de conteneur de déchets intelligent qu'elles devront soumettre à l'appréciation d'un jury en dix minutes à peine.  A la clef : une place pour la finale nationale du Challenge InnovaTech le 19 mai prochain, à Paris. 

"Poids des stéréotypes"

D'un groupe à l'autre, les projets prennent forme. Pas le temps d'une vraie pause-déjeuner. Ce sera salades et sandwichs pour tout le monde. L'heure de faire face au jury se rapproche. Il reste encore à bosser le pitch de présentation. 

Au détour de la discussion, Anwenn, en première au lycée Le Likès à Quimper, glisse qu'elles ne sont que quatre filles sur une classe de 31 élèves dans la spécialité Sciences de l'ingénieur. Ce qui laisse sans voix ses deux marraines du jour, Béatrice, officier dans l'aéronavale à Landivisiau, et Anne-Christine, ingénieure en géophysique et membre de la délégation bretonne de Elles bougent.

Sans voix mais pas surprises. "On ne développe pas chez les filles le même goût du risque que chez les garçons, constate Anne-Christine, et ce, dès l'enfance. Résultat : elles se disent souvent, ensuite, qu'elles ne sont pas capables d'aller vers des métiers où le poids des stéréotypes est encore très présent".

"Les métiers ne sont pas genrés"

Béatrice explique que, dans sa flotille de 150 personnes, elle est la seule femme officier. Cette fois, ce sont les lycéennes qui restent sans voix. Tout comme Anne-Christine, elle veut changer la donne. D'où son implication, depuis quatre ans, dans l'association Elles bougent. "On va dans les classes pour sensibiliser sur la mixité professionnelle, souligne-t-elle. Pour insister sur cette idée que les métiers ne sont pas genrés et que les filles peuvent se lancer dans des études scientifiques et technologiques".


Déconstruire les préjugés sur les métiers d'ingénieur-e-s et technicien-ne-s, le pari est de taille et le chemin encore long. Emilie, l'ingénieure informatique, rappelle que c'est une femme qui a créé le premier algorithme.  "Comme quoi" lâche Tatiana. Les adolescentes rigolent. Et se rassurent. "C'est cool de pouvoir rencontrer et passer du temps sur un projet avec des femmes qui ont osé et qui nous montrent la voie" avance Zia. Emilie lui répond qu'elle aussi aurait aimé avoir la chance de croiser des modèles féminins quand elle était lycéenne. "Les freins sont dans nos têtes, les filles !" sourit-elle. Avant d'ajouter : "Allez, on y retourne. On lui donne quel nom à notre conteneur de déchets intelligent ?"

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