Rennes. Une jeune chercheuse récompensée pour ses travaux sur les exoplanètes

Une chercheuse de l'Institut de physique de Rennes a reçu, ce jeudi, le prix Jeunes talents pour les Femmes et la Science. Eszter Dudás tente de percer l'origine et la formation des exoplanètes, ces planètes géantes et gazeuses qui existent en dehors du système solaire.

Eszter Dudás n'a d'yeux que pour les exoplanètes. Comprenez : celles qui sont situées en dehors du système solaire. La scientifique rennaise, âgée de 29 ans, mène des travaux de recherche sur la modélisation de l'atmosphère gazeuse de ces lointaines planètes géantes.

Elle a reçu, ce jeudi à Paris, le prix Jeunes talents pour les femmes et la science, décerné, chaque année, par l'UNESCO et la fondation l'Oréal. Eszter est l'une des 35 lauréates pour 2021 et, comme les autres chercheuses récompensées, elle est venue présenter son travail sur les exoplanètes lors d'une cérémonie de remise des prix.


"Jupiter chaud"

C'est dans sa ville natale de Budapest, en Hongrie, que la science a attrapé Eszter au vol. Elle entame des études en génie mécanique, tout en s'illustrant comme triathlète dans des compétitions internationales, récoltant au passage, en 2010, une médaille d'or aux Jeux olympiques de la jeunesse à Singapour. C'est d'ailleurs son vélo de course qui l'a menée vers le génie mécanique puis la physique.

Après avoir obtenu son Master, elle décide de venir en France pour y faire un stage de Master 2 de six mois, et elle arrive à Rennes où sa candidature est retenue. Elle rejoint l'Institut de physique, se prend de passion pour la recherche, découvre le monde des exoplanètes et commence sa thèse de doctorat en astrophysique. 

"Ces planètes m'ont tout de suite donné envie d'en savoir plus, explique Eszter Dudás. J'ai voulu aller plus loin car il y a beaucoup de questions et peu de réponses. Par exemple, une planète gazeuse n'est pas lourde et pourtant, on constate qu'elle reste proche de son étoile alors que cela ne devrait pas forcément être le cas. Ce sont ces planètes de type 'Jupiter chaud' que j'étudie".

Comprendre l'origine et la formation de ces exoplanètes, en modélisant leur atmosphère depuis la terre ferme, la mission semble ardue pour les néophytes. Mais pas impossible pour cette scientifique qui, depuis le laboratoire d'astrophysique de l'Institut de physique de Rennes, recrée l'atmosphère gazeuse de ces 'Jupiter chaud' pour mieux en percer les mystères. "Je chauffe les gaz jusqu'à 3.000 degrés, c'est la température qu'il fait sur ces planètes. Ensuite, j'utilise une sonde spectroscopique pour observer et enregistrer ce qui se passe".

La place des femmes dans la science

Grâce à ce prix Jeunes talents, Eszter Dudás va recevoir une bourse de 15.000 euros pour financer ses travaux. "Cela va me permettre d'acheter mon propre matériel pour aller plus loin encore dans mes recherches" souligne celle qui bénéficiera également d'une formation au leadership "pour avoir les moyens de briser plus facilement le plafond de verre", selon l'UNESCO et la Fondation l'Oréal.
On ne compte, en effet, en France, que 36 % de femmes en doctorat, 26 % de femmes en écoles d'ingénieurs et 28 % de femmes parmi les chercheurs.

"Il y a encore du boulot, constate Eszter. La discrimination à l'embauche existe toujours. A compétences égales pour un poste, entre un homme et une femme qui ont chacun 30 ans, par exemple, c'est l'homme qui sera choisi dans la majorité des cas. Parce qu'une femme, on se dit qu'à 30 ans, elle va vouloir des enfants, elle sera donc absente etc etc. C'est un préjudice que nous devons combattre".

La jeune chercheuse ne cache pas son étonnement et se dit même "choquée" de savoir que seulement 3 % de femmes ont reçu des prix Nobel scientifiques. "Les choses doivent bouger dans le bon sens, confie-t-elle. Cela me rassure de voir que les femmes qui ont reçu comme moi ce prix Jeunes talents s'interrogent et s'emparent elles aussi du sujet".
 

 

 

 

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