Se rendre au restaurant, chez des amis, chez le médecin ou suivre une activité artistique... Pour les malades ou les personnes âgées, c'est parfois le parcours du combattant. À Brest, une association assure gratuitement le transport en triporteur.
Tous les jeudis, les mains dans l'argile, Brigitte, 57 ans, se détend et oublie sa douleur. Depuis deux ans, cette Brestoise souffre d'arthrose, une maladie qui provoque chez elle de terribles maux de dos. "Je suis toujours embêtée, je ne peux pas rester debout, je ne peux pas faire grand-chose."
C'est en ambulance que Brigitte se déplace chez l'ostéopathe ou le médecin. Pour le reste, impossible de marcher plus d'une dizaine de mètres. Alors pour parcourir les 600 mètres qui la séparent de son atelier poterie à la Maison pour tous dans le quartier du Guelmeur, Brigitte est, depuis un an, véhiculée… en triporteur électrique.
Un transport gratuit pour rompre l'isolement
Derrière le guidon, un bénévole de l'association Brest à pied et à vélo (BAPaV). "Nous nous adressons à des personnes qui sont entre la personne qui marche normalement et celle qui ne peut pas marcher du tout. Des personnes qui vivent trop loin d'un arrêt de bus ou qui devraient prendre plusieurs correspondances pour rejoindre leur destination" explique Edouard Vaughan, référent triporteur de l'association.
Un simple appel à l'association un ou deux jours avant et les bénévoles transportent gratuitement les usagers chez des amis, au restaurant ou encore chez le médecin.
Même à Brest, le transport en triporteur, c'est faisable !
Édouard VaughanRéférent triporteur de l'association "Brest à pied et à vélo" (BAPaV)
Depuis quelques semaines, l'association assure une permanence tous les jeudis matin, sur le marché de Bellevue à Brest "pour aider les personnes ayant du mal à marcher à ramener leurs courses chez elles, indique Edouard Vaughan. On sait que le quartier de Bellevue est très perturbé par des travaux en ce moment, que les arrêts de bus vont être déplacés."
Une expérimentation pour prouver qu'ici, il est possible d'assurer du transport à la demande en triporteur, "l'avenir de la ville" selon cette association de promotion des mobilités douces.
Coût d'un triporteur : 15.000 euros
BAPaV n'en est pas à son coup d'essai : depuis quatre ans, de mai à juillet, ses bénévoles promènent une trentaine de résidents de plusieurs Ehpad brestois grâce à deux triporteurs sans cabine.
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Depuis 2023, grâce à une convention avec Brest Métropole et un financement de la Fondation de la RATP, elle a acquis un nouveau triporteur électrique, doté d'une cabine cette fois, "ce qui nous permet de sortir par tout temps". Coût du véhicule : 15.000 euros.
Avec ce nouvel engin couvert, l'association a ainsi réalisé 73 transports de personnes. Cette année, depuis le lancement de la permanence du marché de Bellevue, elle en a déjà enregistré 75.
À travers ces expérimentations, elle aimerait inciter la régie de transport ou la municipalité à adopter ce transport doux en complément des transports publics déjà existant.
Pour avoir un service qui fonctionne bien, il faudrait trois triporteurs, deux salariés à temps plein
Édouard VaughanRéférent triporteur de l'association "Brest à pied et à vélo" (BAPaV)
"Notre objectif, c'est de prouver qu'il y a une demande. Mais pour avoir un service qui fonctionne bien, il faudrait trois triporteurs, deux salariés à temps plein et un troisième pour gérer les appels et la maintenance des engins" calcule le référent triporteur de BAPaV.
Et de citer l'association Syklett à Lorient qui pourrait obtenir une délégation de service public ou encore Velobulle à Chambéry qui transporte les usagers sur réservation ou spontanément dans un rayon de trois kilomètres en complément des autres modes de transports en commun.