Le procès de trois skinheads impliqués dans la mort du jeune Breton Clément Méric, étudiant et militant antifasciste tué en 2013, a été suspendu ce mardi avant même l'ouverture des débats en l'absence d'un des trois accusés à la cour d'assises de Paris. Il a repris vers 14h.
"La cour est obligée de constater l'absence d'un des accusés, Samuel Dufour", qui encourt 20 ans de prison pour coups mortels aggravés, a déclaré la présidente Xavière Siméoni, qui a suspendu l'audience jusqu'à 13h45, dans l'espoir de retrouver l'accusé et de le faire comparaître.
Le jeune homme, 25 ans, a été "interpellé pour un contrôle d'identité alors qu'il s'approchait du Palais ce matin", a indiqué ce mardi matin à l'AFP son avocat Julien Fresnault, peu après la suspension. "Il sera présent à la reprise de l'audience", a-t-il affirmé. Samuel Dufour, qui encourt jusqu'à 20 ans de prison, a finalement pris place sur le banc des accusés. L'audience a pu reprendre peu avant 14h.
Samuel Dufour est, avec Esteban Morillo, un des principaux accusés du procès. Les deux anciens skinheads doivent être jugés pour des violences "ayant entraîné la mort sans intention de la donner", commises en réunion et à l'aide d'un poing américain. Ils comparaissent libres et encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Un troisième homme, Alexandre Eyraud, 29 ans, comparaît pour des violences aggravées passibles de 5 ans d'emprisonnement.
Pas de crâne rasé ou de manches courtes laissant voir des tatouages: les deux accusés présents se tiennent droits, chemises sombres et vestes, évitant de tourner la tête vers les bancs des parties civiles où ont pris place les parents de Clément, Agnès et Paul-Henri Méric.
"Inspiration néo-nazie"
Avant d'entrer dans la salle, ce dernier a dit attendre du procès "la vérité sur les circonstances dans lesquelles Clément a été tué". "Les agresseurs de Clément appartenaient à une mouvance politique d'inspiration néo-nazie qui fait de la violence un procédé d'action privilégié, donc ce procès sera aussi un procès des violences de l'extrême droite", a-t-il plaidé.Au contraire, les avocats de la défense ont appelé à "laisser la politique de côté" pour "établir les faits", évoquant des "violences réciproques".
Usage d'un poing américain ?
Cinq ans après la mort à 18 ans de Clément Méric, les débats devront lever les incertitudes sur plusieurs points: y a-t-il eu ou pas usage d'une arme, volonté de tuer ou s'agissait-il d'une énième bagarre qui tourne mal?Le 5 juin 2013 vers 18h, des "skins" et des "antifas" s'étaient retrouvés à la même vente privée de vêtements, dans une boutique des grands boulevards parisiens. Les jeunes se toisent, s'invectivent. Quarante minutes plus tard, une rixe éclate au pied de l'église voisine Saint-Louis d'Antin: Clément Méric, qui se remet tout juste d'une leucémie, s'écroule.
Son décès, prononcé le lendemain, fait resurgir le spectre des violences de l'extrême droite, dont les rangs s'étoffent alors à la faveur de manifestations contre le mariage homosexuel.