Un homme est jugé, à partir de ce mardi 8 décembre, pour le meurtre de son ex-compagne. La Cour d'assises du Finistère, à Quimper, va se pencher sur les faits qui remontent au 16 avril 2018. Ce jour-là, Isabelle, 38 ans et mère d'une petite fille, est poignardée par celui dont elle était séparée.
Le 19 avril 2018, dans les rues de Brest : une marche blanche, en hommage à Isabelle, tuée trois jours plus tôt par son ex-compagnon. Sur la place de la Liberté, à l'appel de l'association L'Cause, des hommes et des femmes se rassemblent, en silence. Ils sont choqués, émus, en colère. "Encore une femme qui meurt sous les coups d'un homme" peut-on lire sur les pancartes qu'ils brandissent.
Le cortège silencieux marchera jusqu'au commissariat de police avant de rejoindre les locaux de L'Cause, un lieu d'écoute pour toutes les femmes, un lieu-refuge pour celles dont la vie est menacée.
"Intrusif et harcelant"
Isabelle, 38 ans et mère d'une petite fille de 6 ans est morte parce que Ali Nemri, l'homme dont elle est séparée depuis un an, la soupçonne d'infidélité. "Il ne supportait surtout pas la rupture" dit l'avocate des parents et du frère de la victime, Maître Chantal Sève. Décrit comme "possessif", cet homme de 42 ans au moment des faits continue à se rendre chez Isabelle, malgré la séparation. "Il venait non pas parce qu'elle lui demandait de venir, précise Maître Sève, mais parce qu'il était très intrusif, harcelant".
Ce lundi 16 avril, dans l'après-midi, il sonne à la porte de l'appartement de son ex-conjointe, dans le quartier de Bellevue. La dispute éclate. Il saisit un couteau en céramique et lui assène un coup violent. Isabelle s'effondre. Elle est touchée au niveau de l'aorte. "Un coup d'une extrême violence, indiquera le vice-procureur de Brest, Bastien Diacono, lors de l'enquête, le couteau était enfoncé jusqu'à atteindre la colonne vertébrale".
Ali Nemri appelle police-secours immédiatement après et avoue son acte. Il est emmené au commissariat, mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire.
"Il doit apporter des explications à son geste"
A la veille du procès d'Ali Nemri, qui s'ouvrira aux assises du Finistère à Quimper, ce mardi 8 décembre, l'avocate de la famille d'Isabelle s'interroge encore. "Pourquoi n'a-t-il pas appelé le SAMU plutôt que la police ? On a dit qu'elle était morte sur le coup. Il ne le savait pas". La petite fille de la victime vit aujourd'hui avec ses grands-parents maternels qui se sont constitués partie civile. "C'est très dur pour eux, confie Maître Sève. Ils attendent ce procès depuis 2 ans. Et puis, entendre que leur fille menait une vie dissolue, alors qu'elle menait une vie normale, qu'elle travaillait, s'occupait de sa fille, n'enchaînait pas les conquêtes comme cela a pu être dit aussi, c'est très dur oui".
Maître Ronan Appéré, qui va assurer la défense du prévenu, indique que ce dernier "doit apporter des explications à son geste, pourquoi il est passé à l'acte". L'avocat parle également de "dossier extrêmement sensible car dit-il, cela fait partie des dossiers pointés du doigt quand on parle de violences faites aux femmes".
Il souligne que son client n'est pas "un homme violent d'ordinaire", qu'il n'y a eu "aucun signe avant coureur, qu'aucune dispute n'a été signalée par les voisins quand ils étaient en couple". Il évoque "le huis-clos" dans cet appartement, l'après-midi du 16 avril 2018. "Il va falloir qu'il restitue ce qui s'est dit puisqu'il n'y avait pas de témoin dans l'appartement. Lui seul peut raconter ce tête-à-tête".