Les experts ont défilé jeudi à la barre du tribunal correctionnel de Brest dans l'affaire du TK Bremen, échoué en 2011 sur une plage bretonne, sans cependant parvenir à faire la lumière sur une éventuelle responsabilité du commandant turc du cargo.
"Dans le cas du TK Bremen, je ne vois pas de faute de navigation", a assuré Charles Evrard, expert maritime cité par la défense du commandant Rifat Tahmaz, 55 ans, seul mis en cause dans cette affaire jugée jusqu'à vendredi. "Il a suivi les conseils du pilote" du port, qui l'a enjoint de rester à quai au vu des mauvaises conditions météorologiques à venir, mais lui a également dit qu'il pouvait se mettre à l'abri de l'île de Groix.
"En tant que commandant français, c'est clair que je n'aurais pas appareillé ce jour-là", a en revanche soutenu Jean-Charles Cornillou, autre expert cité. "Votre rapport est vraiment à charge", l'a interpellé Stanislas Lequette, avocat du prévenu, soulignant sa qualité d'ancien directeur du Cross Corsen.
Dans son rapport d'avril 2012, le BEA Mer avait conclu que l'échouement du cargo résultait du mauvais temps et d'une mauvaise gestion du mouillage par son commandant, tout en soulignant certaines défaillances du Cross Etel.
Le troisième expert, Benoît Pilate, a quant à lui immédiatement précisé que lors de la rédaction de son rapport il était en période probatoire en tant qu'expert maritime et qu'il intervenait encore pour des assureurs, notamment celui du TK Bremen. "Il ne me semble pas incongru que le navire ait appareillé" de Lorient, a-t-il ensuite dit, notant que ce n'était pas dans l'esprit d'un commandant de décider de rester au port en raison des mauvaises conditions météorologiques. "Autrement, ils ne partiraient jamais".
"Tout le monde était à la manoeuvre", le capitaine
De son côté, le commandant Tahmaz, qui nie toute faute de navigation, a rappelé les conditions difficiles la nuit de l'accident. Il y avait "une pluie torrentielle, la communication avec mon équipage même était compliquée en raison du fort vent", a-t-il raconté par l'intermédiaire d'une interprète. "On n'était pas en train de boire le thé, tout le monde était à la manoeuvre", a-t-il poursuivi, soulignant qu'aucun des 19 membres d'équipage n'avait été blessé.Battant pavillon maltais, le TK Bremen s'était échoué le 16 décembre 2011 à 2h sur la plage d'Erdeven, dans le Morbihan, relâchant 112 tonnes de fioul dans la nature.