A la maison d'arrêt de Brest, les détenus, volontaires pour suivre des cours, ont effectué leur rentrée scolaire en ce début septembre. Apprentissage de la lecture et de l'écriture pour certains, formations diplômantes pour d'autres, l'école en prison est adaptée au niveau de chacun et au temps de détention. Reportage.
Anas est détenu à la maison d'arrêt de Brest depuis un an. Il en sortira dans quelques jours. Durant sa période de détention, le jeune homme a choisi de retourner à l'école, avec au programme de l'anglais, des maths, de l'histoire-géographie, de l'espagnol ainsi qu'une formation en cuisine. Une fois dehors, il veut compléter ses apprentissages pour se lancer dans la restauration. "Il y aura des maths, du français, donc oui, c'est important de me remettre à niveau, confie-t-il. Pouvoir venir à l'école en prison, cela m'a fait du bien. C'était bénéfique".
90 h de cours par semaine
Dans cet établissement pénitentiaire, qui affiche un taux d'occupation de 160 %, ce début du mois de septembre marque aussi la rentrée scolaire pour les détenus. "Nous avons une obligation de proposer des cours, explique Lucie Le Clère, directrice adjointe de la maison d'arrêt. Chacun les suit sur la base du volontariat, sauf les mineurs pour lesquels ils sont obligatoires. L'idée, c'est de se tourner vers l'avenir et l'éducation contribue à la réinsertion".
90 h de cours par semaine sont ainsi dispensés. La prison dispose de trois salles de classe, de trois enseignants à temps plein et douze vacataires.
Ce jour-là, les détenus inscrits en CAP employé polyvalent de commerce se retrouvent autour de Myriam Schwab. Cette professeure d'histoire-géographie et de français intervient depuis trois ans à la prison de Brest. "Il faut savoir s'adapter, dit-elle, car on a commencé les cours avec trois personnes ce matin, puis on a continué à 4, à 5, etc. On apprend différemment ici. C'est une grande chance pour eux : on leur tend la main et on leur offre la possibilité d'être en situation de réussite".
Cas par cas
Il faut toutefois composer avec la durée de détention qui oscille, en moyenne, entre cinq et six mois. De même qu'avec les écarts de niveaux scolaires entre les détenus. L'enseignement est adapté. "On va avoir de l'alphabétisation jusqu'au suivi de personnes qui sont en études universitaires, souligne Jean Fraissinet, responsable local d'enseignement. En fonction du projet de chacun, on définit sur quelle partie d'enseignement on les positionne. On travaille au cas par cas. Est-ce que le projet sera réalisable sur le temps de présence ici, est-ce que le détenu va pouvoir s'investir suffisamment, est-ce qu'il va pouvoir se projeter sur ce qu'il envisage de faire à sa sortie sont autant d'éléments que nous regardons avec lui".
À la maison d'arrêt de Brest, la scolarité s'étend sur 38 semaines par an. "Les cours se déroulent le matin et l'après-midi, ajoute Lucie Le Clère. Ils s'imbriquent dans le reste de la vie en détention, entre les repas, les promenades, les parloirs...". Outre les enseignants, d'autres organismes de formation sont également présents de manière régulière pour préparer les détenus à un futur environnement professionnel ou encore effectuer des bilans de compétences.