VIDEO. Aumônier national du culte musulman, un rôle bénévole au service des prisonniers

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Intervenants : Vincent Ravoisier, chef adjoint du Centre pénitentiaire Rennes-Vezin; Claire de Galembert, École Normale Supérieure - CNRS; Mohamed Loueslati, aumônier musulman à la prison de Rennes-Vezin ©Reportage : Myriam Thiébaut et Valentin Le Roux. Montage : Tanguy Descamps. prise de son : Vincent Surrault.

Aumônier des prisons du Grand ouest depuis 20 ans, Mohamed Loueslati assure depuis deux ans le rôle d'aumônier national pour le culte musulman. Nous avons suivi ce Rennais dans la prison de Vezin-le-Coquet pour comprendre cette fonction essentielle mais bénévole.

Le vendredi, c'est jour de la prière collective pour les musulmans. À la prison de Vezin-le-Coquet (Ille-et-Vilaine), Mohamed Loueslati, 72 ans, salue les détenus dans la salle qui sert à la pratique des différents cultes. Depuis 20 ans, ce retraité d’une compagnie d'assurances consacre sa vie aux prisonniers.

Dans l'Islam, avant de prier, chacun doit faire ses ablutions, selon un rituel que certains détenus ne connaissent pas forcément. "Attends, je vais te montrer. Tu fais d'abord le visage," explique-t-il d'une voix calme à deux fidèles. Pour venir prier, chaque détenu doit en faire la demande à l’avance. Il peut aussi solliciter un entretien individuel, en cellule. 

J'ai fait appel à lui à un moment où je ne me sentais pas bien. J'avais des problèmes psychologiques, familiaux, carcéraux. C'est une personne qui sait bien s'exprimer et qui sait bien venir à notre aide, quand il faut.

Un détenu musulman

Les prisons françaises enregistrent un suicide de détenu tous les 3 jours. Face à ce bilan, l’administration pénitentiaire compte beaucoup sur la vigilance des aumôniers. "L'aumônier a un rôle clé dans la prévention du suicide puisqu'il a un lien privilégié avec la personne détenue, souligne Vincent Ravoisier, chef adjoint du centre pénitentiaire. Il peut déceler des signes de fragilité, de détresse. Son rôle, c'est ensuite de prévenir l'administration pour qu'on puisse résoudre cette difficulté."

Face à la radicalisation

La religion au secours des prisons ? En tout cas, ces institutions publiques se montrent particulièrement accueillantes vis-à-vis du culte. Elles y sont autorisées par la Loi de séparation des Églises et de l'Etat de 1905, qui déclare que "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte (...) Pourront toutefois être inscrites aux budgets, les dépenses relatives à des services d'aumônerie (...) dans les établissements publics tels que (...) les prisons."

La salle de prière est comble ce vendredi : environ 80 prisonniers sont venus sur les 700 détenus de toute confession que compte la partie maison d'arrêt. Pour l'aumônier, c'est un soulagement.

C'est un bon signe quand ils viennent nous voir. Quand ils ne viennent pas, c'est qu'ils font le culte entre eux dans les cellules. Un détenu s'autoproclame alors imam et prodigue des consignes qui ne sont généralement pas celles d'un islam apaisé.

Mohamed Loueslati

Aumônier national du culte musulman

L'aumônier se poste comme un rempart contre la radicalisation en prison. Mais jusqu'à un certain point : trop de proximité avec la direction de l'établissement peut susciter la défiance des détenus.

Un statut précaire

Devenu aumônier national du culte musulman en 2021, Mohamed Loueslati a sous sa responsabilité 300 intervenants musulmans qui officient dans les 188 prisons françaises. Ces aumôniers sont bénévoles, indemnisés par l'État entre 400 et 800 euros par mois, sans sécurité sociale ni droit à la retraite.

Malgré un statut précaire, Mohamed Loueslati n'abandonne pas. Il espère toujours que les appels à l'aide des détenus et de l'administration pénitentiaire puissent trouver réponse.

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