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DOCUMENTAIRE. "La famille est une prison affective", et le modèle patriarcal en serait la cause

"Very bad mother", c'est le nom d'un festival qui se tient régulièrement à Concarneau. En 2021, 800 personnes, essentiellement des femmes, y ont participé, pour réfléchir à la question de la parentalité, dans une société qui s'est ouverte, mais où le patriarcat reste très marqué, parfois de façon inconsciente. De là est né un documentaire fort, signé Camille Lancry à découvrir ici.

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Flore, Margaux, Hélène, Fanny et Laure, sont mères. Elles nous livrent leur expérience de la maternité et leur rapport à la parentalité. Lors du festival "Very bad mother" à Concarneau en 2021, ces femmes se sont ralliées pour une lutte collective afin de réfléchir à des pistes de défense individuelle et collective sur la parentalité.  

Camille Lancry, mariée, maman de deux "petits poussins", témoigne dans un documentaire, qu'elle a réalisé, de son expérience. Elle explique les raisons de son engagement dans cette lutte :

"J'ai été attirée par le festival "Very bad mother" parce que j'avais des questionnements personnels par rapport à la parentalité. Puisque la société évolue par rapport aux marges, j'ai eu envie d'en débattre, pour déconstruire et pouvoir reconstruire quelque chose qui me convienne mieux, tout en choisissant les codes qui sont nécessaires ". 

La parentalité, un sujet parfois douloureux

Pour Lou, l'une des organisatrices du festival, "le sujet est sensible". "Abordé avec humour, de manière festive et drôle, cela permet de se décomplexer des jugements sociaux que l'on porte sur nous. Il y a mille façons de faire une famille, contrairement à ce que voudrait faire croire la Manif pour tous".

D'apparition assez récente dans le discours politique, la notion de parentalité consacre l’égal investissement des deux parents dans l’éducation des enfants. Mais, cette responsabilisation des parents n’est pas seulement une norme morale, c’est également une intervention collective qui doit être mise en œuvre par les pouvoirs publics.

La parentalité : l'angle mort du féminisme

Le festival est dédié à toutes les mères : "Aux mères qui cherchent les mots pour expliquer le monde de demain à leurs enfants, à celles qui souffrent d'isolement, aux mères qui galèrent, aux mères qui doutent ... "

Un festival dédié aux mères, mais aussi aux pères. Concerts, ateliers, débats, le festival féministo-punk, s'empare du sujet pour libérer les parentalités alternatives. Pour sortir des schémas parentaux classiques, la parole est donnée, pour que le sujet puisse exister sur la place publique. 

Un emploi du temps violent

En 2020, les familles monoparentales représentaient un foyer sur cinq selon l’Insee, contre un sur dix une trentaine d’années auparavant. Dans 85 % des cas, le parent solo est une femme. 

Les mères célibataires font face à une importante charge mentale : les repas, les courses, les comptes, le ménage, les lessives, les rendez-vous médicaux, les paperasses, l’école, les devoirs, les maladies, les câlins, les chagrins, les plannings, la logistique, les problèmes financiers, etc.

L'une d'entre elle se confie : "J'avais hâte de reprendre le boulot, je me suis retrouvée dans une situation où je rejetais mon enfant, et ça, c'est super dur. Maintenant, mère célibataire, à mi-temps, quand je retrouve mon enfant, je suis beaucoup plus disponible et moins tiraillée. Il n'y a pas d'espace de respiration pour les couples d'enfants en bas âge. C'est h-24. Si on n'a pas des copines avec qui partager, on crève toute seule". 

La famille est une prison affective, et mon mec en est le gardien. La clé de ma geôle, c'est son absence.

Camille Lancry


Sortir de la dépendance du patriarcat

Le patriarcat est un système intégré malgré nous. "C'est à l'accouchement qu'il nous tombe sur la tête" témoigne la réalisatrice Camille Lancry. Son mari navigateur est parti en mer "pour prouver qu'il pouvait assurer la survie matérielle de la famille. Résultat, dit-elle, je me suis sentie abandonnée et lui, épuisé, a fini par s'égarer dans ce rôle du patriarche ". 

Le lien et l'entraide qui se créent entre ces femmes, sont "des moyens de rompre avec le système patriarcal et capitaliste" selon une mère de famille venue témoigner au festival. Pour sortir de leurs douleurs individuelles, elles s'unissent pour ne pas subir. Elles s'organisent.

"On devrait tous avoir une prévention ou un accompagnement à la parentalité. En Finlande, le père a six mois de congés paternité et la mère six mois de congés maternité. Cela ne discrimine pas à l'embauche par exemple" ajoute Camille Lancry. "Notre système est fait de telle sorte, que dans le couple, la mère consacre davantage de temps pour les enfants et le père va chercher de l'argent ".

Aujourd'hui encore, les chiffres montrent que les salaires hommes femmes sont inégaux. La politique de l'éducation parentale est directement touchée par cet état de fait.

Le parent idéal, un mythe à déconstruire

"Il est urgent de trouver un levier pour construire le monde de demain" militent ces femmes. Coupable d'être mère et d'avoir choisi de l'être, coupable de se sentir "débordées", coupable de ne pas être à la hauteur du mythe du "parent idéal" qu'elles avaient imaginé, coupable de ne pas être en mesure, faute de temps, de garder le lien social avec les proches, ou encore de rester dans la séduction avec son partenaire, autant d'états d'âme qui, au quotidien, minent le mental. 

"C'est difficile d'aborder sereinement l'avenir dans ces conditions", ajoute l'une de ces mères. D'où la nécessité de trouver des alliés. Le festival "Very bad mother" a permis pour beaucoup d'entre elles de libérer la parole. 

Je ne veux plus être cette femme sacrifiée sur l'hôtel de la maternité. 

Une mère

La problématique du post-partum

La dépression post-partum est un trouble qui touche de nombreuses mères, et aussi des pères, après la naissance de leur bébé. La gravité de la dépression varie en fonction de la nature et de l’intensité des symptômes. Contrairement au baby blues (syndrome du troisième jour), la dépression post-partum peut durer longtemps, surtout si elle n’est pas traitée rapidement. 

Sage-femme, militante, autrice, chroniqueuse, Anna Roy est sur tous les fronts. Son dernier ouvrage, Le post-partum dure trois ans, vient de sortir. Elle y défend l’idée selon laquelle les parents mettent, en réalité, plusieurs années pour se (re)trouver après la naissance de leur enfant. "Il faut revoir son quotidien, sa façon de travailler, son couple qui devient un couple parental… Ça change tout", dit-elle. Mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas bien. "C’est fatiguant, mais c’est aussi une grande merveille".  

"Aborder ces sujets, ne remet évidement pas en cause l'amour que l'on porte à nos enfants, bien au contraire", précise Lou, une organisatrice du festival.

  • Le documentaire "Very bad mother" de Camille Lancry (en haut de cet article) sera également diffusé le jeudi 9 mars à 22h40 sur France 3 Bretagne et sera suivi de l'émission Débadoc sur la thématique "mères: imparfaites et fières de l'être". Une soirée à retrouver en replay pendant 30 jours sur France.tv

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