Dressé face à la rade de Brest, dans le Finistère, le Pôle France de voile reprend vie en douceur. Seule une petite vingtaine de sportifs est autorisée à naviguer. C'est le cas des véliplanchistes et des régatiers en solitaire. 

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Marie Bolou arrive toute souriante au Pôle France voile de Brest. "Je suis apte, les gars", lance-t-elle à son entraîneur et au directeur du Pôle. Elle sort d'une visite médicale obligatoire. La forme est bonne. Elle va donc pouvoir foncer sur l'eau et reprendre l'entraînement là où elle l'avait laissé le 15 mars. "Deux mois sans s'entraîner, c'est très long, dit-elle. Surtout par rapport aux objectifs des Jeux olympiques".


"Retrouver les sensations"


La régatière bretonne de 27 ans représentera la France en Laser radial aux JO de Tokyo en 2021. Comme tous les autres sportifs de haut niveau, elle est soumise à un régime sanitaire strict avec prise de température journalière et tests de dépistage du Covid-19. Alors que d'autres se demandent comment perdre les kilos pris pendant le confinement, elle, elle a justement profité de ce temps d'arrêt pour augmenter son poids. "Il me manquait trois kilos. J'ai travaillé le physique pour y parvenir, à défaut d'aller sur l'eau".

Le temps d'une discussion et la voilà partie pour préparer son bateau à ce premier vrai entraînement. "Je vais faire une petite navigation de deux heures, explique-t-elle en s'affairant autour du dériveur. Mais c'est compliqué d'appréhender à nouveau cet environnement, de retrouver les automatismes, les sensations. Le corps est resté enfermé plus de deux mois. Je vais avoir besoin de plus de concentration que d'habitude, je pense, pour retrouver un rythme".
 
 

"C'est grisant"


Si Marie Bolou a le droit de s'entraîner car elle est seule à bord, Camille Lecointre et Aloïse Retornaz vont devoir encore patienter avant de naviguer en duo. "On ne sait pas quand on aura le feu vert du ministère des Sports, vu qu'il nous a mises dans la catégorie 'sport collectif'.  Tous nos concurrents ont repris l'entraînement en double. Pas nous et c'est très frustrant". En attendant, les deux sélectionnées olympiques bricolent sur leur dériveur 470 flambant neuf. Un coup de tournevis ici, une vérification de la voilure par-là. Elles restent à terre, dans le hangar du Pôle France où d'autres ont déjà revêtu leur combinaison pour sortir en mer.
 

C'est le cas des véliplanchistes qui sont doublement heureux de retourner glisser dans la rade. Ou plutôt voler car, juste avant le confinement, ils ont reçu leur nouveau matériel : la planche à foil, un support qui remplacera l'actuel RSX au JO de 2024. "On doit y aller en douceur physiquement, après ces mois sans entraînement, souligne Clément Bourgeois, pensionnaire au Pôle France depuis 2015. Si on y va trop fort, on risque la blessure. Et en même temps, avec le foil, c'est grisant et pas facile de se retenir"
 
 

Etrangement calme


Sur l'eau, le Zodiac a du mal a rattraper les véliplanchistes à l'entraînement. Ils filent à grande vitesse, savourent l'instant et se font plaisir. "Ils font partie des chanceux qui ont eu le droit de revenir au Pôle" note son directeur, Mathieu Deplanque. D'une petite dizaine de coureurs à la mi-mai, ils sont aujourd'hui 25 à être autorisés à naviguer. "On a reçu une liste de l'Agence nationale du sport, avec les noms des sportifs que l'on peut accueillir. Pour l'instant, c'est limité aux membres de l'équipe de France, aux sélectionnés olympiques et à quelques autres qui sont répertoriés sportifs de haut niveau".

L'Adonnante, le bâtiment qui abrite le Pôle France Voile, est étrangement calme. Alors qu'ici, d'ordinaire, ça fourmille. "C'est une ambiance assez particulière", reconnaît Mathieu Deplanque. Lequel a mis sur pied un protocole sanitaire drastique. "Les vestiaires sont fermés, la salle de musculation aussi. Le port du masque est obligatoire à l'intérieur des locaux, la distanciation physique doit être respectée dans les hangars de préparation". 

Depuis les fenêtres de la cafétéria de l'Adonnante, la vue sur la rade est dégagée. Six planches à voile et trois dériveurs se partagent la zone d'entraînement. La fabrique à champions reprend vie en douceur.
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