Sur la photo qui accueille les visiteurs, on découvre une petite maison avec une échelle sur le toit baignée dans la lumière d’un ciel doré. Bienvenue à Buzudel ! A l’occasion des journées du patrimoine de pays, Jérômine Dérigny et Aladin Jouiny invitent le public à découvrir l’histoire de cette petite maison de vacances qui sent la menthe et les vacances.
Sur une vieille carte postale, Jérômine a retrouvé les mots envoyés par Houssine à ses parents "J’ai trouvé ma terre d’accueil ! "Arrivé de Tunisie dans les années 1970, il était venu dans le Finistère pour accompagner un ami. Il en est tombé éperdument amoureux.
La maison des vacances
En 1981, il achète une petite maison en ruine à Plonévez-du-Faou et commence à la rénover. Dans les albums de la famille Jouiny, une deux CV rouge est garée devant la petite maison. Les toits semblent sur le point de tomber d’un instant à l’autre. Mais sur les photos suivantes, Houssine tient un petit garçon dans ses bras dans le jardin, puis le petit garçon qui a grandi lit une bande-dessinée dans le canapé. Buzudel, c’était les vacances, la campagne…
Houssine rénove, refait portes et fenêtres, plante de la menthe dans le petit jardin. Mais il décède alors qu’Aladin n’a que 18 ans.
Sur le coup, le jeune garçon se demande ce qu’il va bien pouvoir faire de Buzudel et pense vendre. Son frère l’en dissuade. "C’est sentimental ! " lui dit-il.
Les travaux
Les années passent, les ronces et les orties envahissent la petite maison. Ici et là, des pierres s’écroulent. Et puis, en 2018, Aladin redécouvre Buzudel. "J’ai commencé à attacher les trucs qui s’envolaient avec la tempête avec des bouts de ficelle ", se souvient-il.
Il s’attaque au chantier, avec l’aide de Tiez Breiz, une association de sauvegarde du patrimoine de pays. Il retrouve les techniques d’antan, utilise de la chaux pour rebâtir et redonner vie à la maison.
"Une maison, c’est une aventure technique mais c’est aussi une aventure humaine et familiale, atteste Anaïs Boutrolle, de Tiez Breiz ( Maisons et Paysages de Bretagne ). C’est toute une histoire, parfois un chantier de toute une vie. D’ailleurs constate-t-elle, les gens nous parlent souvent de leur maison comme d’une personne, ils disent "la vieille dame"…"
Un chantier pour le futur
Jérômine, la compagne d’Aladin sourit en regardant les photos qu’elle fait du chantier. "Quand on les compare à celles d’Houssine, on dirait que ce sont les mêmes… ce sont les mêmes gestes, les mêmes matériaux, alors qu’elles ont 40 ans d’écart."
Jérômine a fait des photos d'hier et d'aujourd'hui une exposition , Buzudel au bout du monde, une étincelle.
Partout où il va, Aladin sent la présence de son père. Il scie, coupe, assemble, monte, remonte. "La maison a 150 ans, je fais en sorte qu’elle puisse tenir 300, dit-il. Je pense aux enfants de mes enfants," à l’éternité. Il a trouvé lui aussi "son étincelle au bout du monde".
( avec Florence Malésieux)