A Châteaulin, petite bourgade de 5.000 habitants du Finistère, la maison de la presse est une institution. On y trouve des journaux et des magazines, bien-sûr, mais aussi des livres, des services... Ici, le commerce est un lieu d'échanges et de vie. Son actuel propriétaire va bientôt partir en retraite. Alors, les habitants se mobilisent pour reprendre l'activité sous forme de coopérative.
Quand elle a eu vent du projet collectif de reprise de la maison de la presse de Châteaulin, Anne Lefèbvre n'a pas hésité longtemps à prendre une part sociale dans la coopérative créée en juin dernier. "C'est un lieu de vie et de passage important, dit-elle. Ce commerce doit continuer".
"On a besoin de sous"
Frédéric Vasseur, l'actuel propriétaire des lieux, envisage de prendre sa retraite. L'homme, prévoyant, a lancé, voilà bientôt deux ans, cette idée de pérenniser l'activité. "Malheureusement, on sait que les maisons de la presse ne se vendent plus, observe-t-il. Il faut un investissement de départ car il y a du stock, des livres etc. C'est un commerce ouvert 7 jours sur 7. Je pourrais vendre les murs mais on aurait quoi à la place ? Un magasin de fringues ? Une agence immobilière ? Une banque ? Ce n'est pas le but recherché. On aimerait qu'il y ait toujours une maison de la presse à Châteaulin".
D'où la création de cette société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), baptisée "La maison qui pousse". Elle compte déjà 137 sociétaires. Les bonnes volontés se manifestent , toutefois, le projet de reprise a été chiffré à 320.000 euros. "On a besoin de sous, explique Stéphane Montiel, l'un des coopérateurs de la SCIC. 90.000 euros pour racheter le fonds de commerce et le stock. 200.000 euros pour les livres et 30.000 euros pour le fonds de roulement".
Lien social et ruralité
En plus des parts sociales que chacun peut acheter, un financement participatif a été mis en place. "Cette Maison de la presse est bien plus qu'un commerce qui vend des magazines et des journaux, remarque Stéphane Montiel. Elle a affirmé son goût pour les livres et elle amène du lien social. Notre projet est de continuer dans cet état d'esprit, avec les mêmes salariés et en apportant aussi notre patte sur tout ce qui concerne la partie librairie et les animations".
Les sociétaires de "La maison qui pousse" ne veulent pas voir disparaître cet endroit unique en plein centre-ville de Châteaulin. "Si on se mobilise, c'est pour éviter que le commerce ne se transforme. On veut garder une librarie-presse-services au cœur de notre petite commune rurale, rappelle les membres de la coopérative. Châteaulin compte un peu plus de 5.000 habitants et fait d'ailleurs partie des zones de revitalisation rurales. Les communes alentour sont de moindre importance et proposent moins de services. Notre maison de la presse est donc essentielle".
(Avec Julien le Bot)