TEMOIGNAGE. Loin de tout ? Pourquoi Sébastien a choisi de vivre et travailler dans les Monts-d'Arrée

Vivre dans les Monts d'Arrée, ce n'est pas être coupé du monde. Sébastien Malgorn en sait quelque chose. Il vit et travaille dans ce coin du Finistère. "C'est central" dit l'homme qui a installé, à Saint-Cadou, sa petite entreprise de transformation de thés.

C'est un parfum de bergamote qui vous cueille à l'arrivée dans le grand bâtiment en bois. Autour d'un comptoir métallique, Marie et Etienne ensachent le thé. L'odeur est enivrante. Elle donnerait presque le tournis.

Dans cette petite entreprise finistérienne de Saint-Cadou, près de Sizun, on crée des mélanges. 100 % bio. Plantes aromatiques, épices, huiles essentielles d'agrumes, sirop d'érable se mêlent aux feuilles de thé. L'îlot thé invite à un voyage de saveurs depuis les Monts-d'Arrée.

"Sur les hauteurs, ça passe"

Sébastien Malgorn, le maître des lieux, reçoit dans la cuisine. La discussion s'engage forcément sur l'implantation d'une antenne-relais 4G à Saint-Cadou. Le dossier est aussi brûlant qu'un Earl Grey infusé à une température de 98 degrés.

Un collectif de riverains s'est longtemps mobilisé pour bloquer les travaux qui, après avoir été interrompus à plusieurs reprises, ont fini par démarrer le 22 mars dernier.

La zone blanche, dans ce coin du Finistère, est une réalité. "Tout dépend où on se trouve, précise Sébastien. Sur les hauteurs, ça passe". Le créateur de thés a résolu le problème : il n'utilise que le téléphone fixe pour son activité. Et internet, "le débit est plutôt bon ici".

Il ne se sent pas "pénalisé" par ce réseau mobile en dents de scie, "sauf pour certains achats en ligne pour l'entreprise qui nécessitent une confirmation par sms à la banque, ça c'est problématique" dit-il.

Il fait avec. "Je suis plutôt neutre sur cette histoire d'antenne-relais, admet-il, mais je comprends les revendications des opposants. Une antenne de ce type à proximité d'une exploitation bio et d'un élevage, ce n'est pas ce qu'il y de mieux".

Dynamique

Vivre dans les Monts d'Arrée ne veut pas dire être coupé du reste du monde. En tout cas, Sébastien Malgorn ne le voit pas ainsi. "C'est central, indique-t-il. On est à trente minutes de voiture des premières plages de la presqu'île de Crozon, à vint minutes de Landerneau, dix minutes de Landivisiau. On peut vite attraper la quatre-voies à Hanvec". Et de pointer Sizun, tout proche, "où on trouve un collège, une piscine, une maison de santé".

Dans une autre vie, Sébastien Malgorn était agent maritime au port de commerce de Brest. Il a quitté la métropole en 2009 pour s'installer à Commana. Sans regret. Un retour près des sources paternelles - son père est né et a vécu à Saint-Cadou "jusqu'à 10-12 ans".

Ce territoire, il y est attaché, il en apprécie la tranquillité et la dynamique. "Ca bouge pas mal culturellement, même en hiver, entre les fest-noz, les concerts, etc. Le réseau associatif est important"

Premiers thés en 2007

Le hasard occupe peu de place dans la trajectoire de cet homme. L'histoire familiale, en revanche, y est pour beaucoup. Et ce n'est pas qu'une question de géographie.

Son père, qui fut l'un des deux fondateurs de la brasserie Coreff à Morlaix, a également créé une activité autour des plantes aromatiques et médicinales. "Un jour, il m'a demandé si ça me dirait de faire un peu de thé, raconte Sébastien. Tout est parti de là".

C'est à Plounéour-Menez qu'ils composent leurs premiers thés dès 2007. Sébastien lâche définitivement son boulot d'agent maritime.

L'entreprise se développe, embauche une première salariée. Le fils finit par prendre les rênes et saisit l'opportunité d'un terrain constructible à Saint-Cadou pour y installer l'activité. "Il n'y en a pas des masses dans le secteur" remarque-t-il. 


Choix de vie

Cinq salariés font aujourd'hui tourner la boutique. Ils habitent tous dans le coin.

Comme Yohanna, qui fait ce choix de vie. Ou encore Marie. Quand elle ne travaille pas à L'îlot thé, elle s'occupe de la plantation de fleurs qu'elle a montée à Lannédern il y a un an.

Vue d'ici, la question de la fracture territoriale tombe un peu à plat. "Quand on décide de vivre à la campagne, explique Yohanna, on ne vient pas chercher une réplique de ce que l'on trouve en ville. J'ai vécu à Paris pendant quatre ans et franchement...".

Elle ne termine pas sa phrase, lève les yeux au ciel et enchaîne. "Pour se déplacer, on a besoin d'une voiture. En ce moment, ce qui pose vraiment problème, ce n'est pas la téléphonie, mais le prix du carburant".

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