C'est un constat peu réjouissant et même préoccupant à quelques semaines de la saison estivale. Une plage française sur cinq est régulièrement polluée par des bactéries et 5% d'entre elles sont "à éviter", selon une étude publiée ce vendredi 24 mai par l'association Eau et Rivières de Bretagne. L'association environnementale réclame un meilleur encadrement des pollutions agricoles.
Sur la carte établie par l'association et consultable sur le site labelleplage.fr des centaines de points de couleurs colorent le littoral de l'Hexagone.
Cette carte des plages métropolitaine a pour objectif de les classer selon la qualité sanitaire des eaux pour la baignade. Un classement 2023 issu de différentes analyses des 1 854 plages de l'Hexagone et de la Corse.
Chaque plage classée se voit attribuer une couleur, soit bleu, vert, orange ou rouge, correspondant au niveau de la recommandation.
Un classement allant de "recommandé" à "à éviter"
Pour effectuer cette carte, l'association a récupéré les données publiques publiées par les autorités françaises sur le site de l’agence européenne de l’environnement et ceci sur la période des quatre dernières années. Des résultats d'analyses officielles effectuées par les Agences régionales de santé ARS (8 à 14 analyses par plage durant la saison estivale), dont l'association a tiré un nouvel indicateur, plus précis selon Laurent Le Berre, administrateur d'Eau et Rivières de Bretagne, que celui publié par le ministère de la Santé sur son site baignades.sante.gouv.fr. Un combat mené depuis plusieurs années contre les
À LIRE AUSSI : Eaux de baignade. L'Agence Régionale de Santé condamnée par la justice à revoir son classement
L'association attribue une note sur 100 à chaque plage en évaluant le risque sanitaire pour chaque prélèvement effectué par les autorités (Agences régionales de santé) : si 10% des prélèvements sont
classés "moyen" ou "mauvais", la note est de 90. Ce classement crée ainsi quatre catégories de plages, où la baignade est "recommandée" (note égale ou supérieure à 95), "peu risquée" (entre 85 et 95), "déconseillée" (de 70 à 85) et "à éviter" (inférieure à 70).
En comparant les cartes établies par le ministère de la Santé et celles réalisées par l'association, il est évident que les appréciations ne sont pas les mêmes. "C'est vraiment un autre classement que l'on veut proposer aux baigneurs, un classement plus juste et précis qui leur permet de savoir s'il y a un risque sanitaire ou pas de se mettre à l'eau" explique Laurent Le Berre.
Sur la carte labelleplage.fr, on retrouve ainsi disséminés du nord au sud 1 854 points :
- 93 plages (5,02%) sont ainsi répertoriées comme "à éviter", représentées par un point rouge,
- 316 sont "déconseillées" (17,04%), localisées par un point orange,
- 690 plages (37,2%), sont classées "peu risqué" et figurent en vert,
- et 755 plages soit 40,7% sont elles "recommandées", et apparaissent en bleu.
Si la grande majorité des plages, 1 445 sur 1 854, soit 78% sont "peu risquées" et "recommandées", force est de constater que 22% ne sont pas conseillées et même "à éviter".
Les plages les plus mal classées se trouvent dans les Alpes-Maritimes, le Nord, le Pas-de-Calais, le Calvados et la côte nord de la Bretagne. Des plages de Landunvez (Finistère), Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ou Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes) occupent la queue du classement.
Les mieux classées se situent sur la façade Atlantique, en Occitanie et en Corse, avec des plages de Lège-Cap-Ferret (Gironde), Palavas-les-Flots (Hérault) ou Etel (Morbihan) dans le peloton de tête.
Une Bretagne bonne et mauvaise élève
Pour Laurent Le Berre, la Bretagne présente plusieurs facettes si l'on regarde la carte. Parmi les 566 plages bretonnes classées en 2023, 80 % sont de bonne ou de très bonne qualité, mais 21 plages sont à éviter et 88 déconseillées du fait de pollutions récurrentes.
Selon Laurent Le Berre, force est de constater que les plages apparaissant en Bretagne en rouge (donc "à éviter") sont les plages du nord de la région, les mêmes qui sont souvent touchées par des pollutions agricoles, celles-là mêmes où les rivières qui se jettent ont traversé des secteurs agricoles où les épandages de lisier sont de fait.
Une pétition pour une enquête parlementaire
Sur ce même site labelleplage.fr, l'association en profite pour lancer une pétition. "On se doit d'avoir un état des eaux irréprochable" revendique Laurent Le Berre. "Or, si on veut traiter le problème de ces pollutions aux bactéries, il faut savoir d'où vient le problème de ces mêmes pollutions et ceci pour chaque plage. Il faut donc plus de surveillance".
La pétition appelle donc à la mobilisation pour "plus de transparence", pour "exiger des pouvoirs publics qu’ils identifient toutes les causes de contaminations et mettent en œuvre des solutions efficaces pour y remédier" amenant ainsi à "réclamer l'ouverture d'une enquête parlementaire".