La qualité des eaux de baignade, dont les plages sont très contrôlées, est remise en question. Selon la justice, interpellée par Eau & rivières de Bretagne, les chiffres fournis par l’Agence de Santé sont erronés et ne permettent pas de connaître la réalité et les causes de la pollution.
“Si vous cassez le thermomètre, vous ne risquez pas de connaître la santé du patient” assure le porte-parole d’Eau & rivières de Bretagne. À la sortie du tribunal de Rennes, ce 6 juin 2023, Arnaud Clugery est satisfait. “L’agence de santé (ARS) est dans l’obligation de reprendre ces calculs” vis-à-vis des eaux de baignade en Bretagne.
Notre objectif est d’obliger l’ARS à fournir les chiffres qui prouvent l’état réel de santé des plages pour rechercher les sources de la pollution.
Arnaud Clugery, directeur d'Eau & rivières de Bretagne
Le rapporteur public a demandé à l’agence de santé de reprendre ses calculs. “Nous attendons l’arrêt officiel du tribunal d’ici deux à trois semaines” affirme le directeur de l’association de protection de l’environnement.
“Les lacs, les points d’eau et surtout les plages sont bien plus pollués que ce que laisse entendre les données de l’ARS Bretagne” assure le porte-parole d’Eau & rivières de Bretagne. “Notre objectif est d’obliger l’ARS à fournir les chiffres qui prouvent l’état réel de santé des plages pour rechercher les sources de la pollution”.
Les résultats faussés de l'ARS
En prenant le temps de consulter les données publiques des eaux douces et de mer en Bretagne, sur le site du Ministère de la Santé, la très grande majorité des sites présente une qualité de l’eau “excellente” ou “très bonne”. Pour l’association ces résultats sont faussés par deux erreurs dans la méthode de prélèvements. “De nombreuses analyses sont non conformes et dans les faits cela améliore les résultats”.
Concrètement des analyses sont faites sur des plages fermées préventivement ou alors une semaine après des fermetures de site. Pour l’association Eau & rivière “cela fausse le tableau de bord réel de la santé des plages. Un nouveau calcul va permettre de prendre la mesure du problème et de travailler aux causes”.
Tourisme et élevage intensif
La bactérie au cœur de la problématique est la E.coli qui révèle une contamination fécale. “En Bretagne nous avons 3 millions d’habitants et 100 millions d’animaux d’élevage. Il faut rappeler que les déjections des porcs sont 30 fois plus polluantes que celle de l’homme”. Selon les données du ministère de l’agriculture en 2021, la Bretagne comptait plus de 7 millions de porcs. “Bien sûr, il nous faut améliorer les services d’assainissement défectueux comme les stations d’épuration sous-dimensionnées et qui débordent, mais il faut regarder dans les yeux le problème de l’élevage intensif” analyse Arnaud Clugery.
Trop souvent la pluie est accusée d’être la cause des fermetures de plage, alors que le problème est ailleurs.
Arnaud Clugery, Eau & rivières de Bretagne
Pour ce défenseur de la qualité des eaux en Bretagne, “trop souvent la pluie est accusée d’être la cause des fermetures de plage, alors que le problème est ailleurs”. Pour Arnaud Clugery les responsabilités se mêlent entre le tourisme très important sur le littoral breton et l’élevage intensif dans la région.
“En accusant la pluie et en invisibilisant la pollution, cela permet d’éviter de chercher les sources réelles de la pollution” regrette le porte-parole d’Eau & rivière de Bretagne.
L’agence régionale de la santé de Bretagne n’était pas représentée lors de l’audience au tribunal ce 6 juin. "L'ARS Bretagne applique strictement les dispositions de la directive européenne baignade et les différentes dispositions qui la transposent" assure Aurélien Robert, en charge de la communication de l'agence, dont la mission est la mise en place de la politique santé dans la région.