Confinement : c'est pas le pied pour les pêcheurs du bord de mer

Certains pêcheurs à pied professionnels n'ont pas osé se rendre sur le littoral au début des mesures de confinement par crainte des arrêtés de fermeture des plages au public. Des travailleurs déjà victimes de marchés à l'export au point mort, d'une algue toxique et d'un hiver turbulent.

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« Un gros panneau barrait l'accès à la plage. J'ai préféré faire demi-tour ». Un déplacement pour rien. Comme souvent pour pêcher la telline, Yves Rigault venait d'avaler les 130 kilomètres qui séparent Plouharnel de son coin de pêche, en baie d'Audierne, la première semaine du confinement.

L'arrêté annonçait la fermeture de ce bout de littoral. « J'ai tenté de joindre les autorités et le comité des pêches mais la marée était en fin de journée, personne ne m'a répondu. Je n'ai pas voulu prendre le risque de me faire verbaliser. » Ce jour-là, Yves avait une commande de son mareyeur, le lendemain plus rien !
 

Les professionnels ont accès à l'estran 


Heureusement, cette mésaventure est un cas rare. Même si d'autres professionnels se sont posé des questions face aux arrêtés municipaux ou préfectoraux le long du littoral breton. Ils ont pourtant tout à fait le droit de travailler. La préfecture du Finistère que nous avons contactée, est très claire : l'interdiction du bord de mer concerne les activités de loisirs.

Les professionnels ont accès à l'estran s'ils sont munis de leurs documents administratifs habituels comme la licence, et de leur attestation de déplacement dérogatoire.
 

Palourdes et tellines dans le spleen


Reste que cette confusion liée au confinement est venue assombrir une période difficile pour les pêcheurs à pied. « Déjà, avec le mauvais temps en janvier février, poursuit Yves Rigault, on ne sortait que deux à trois jours par semaine au lieu de cinq. Désormais on est tombé à un ou deux jours de travail».

Lui ne cherche que la telline. Peu appréciée par chez nous, elle est prisée des consommateurs du sud de la France, d'Espagne et d'Italie. Bien que les mareyeurs travaillent et que certains transporteurs continuent de circuler, ces marchés sont très réduits depuis les mesures de confinement.


Yves préfère en sourire « Les gens n'achètent plus que des pâtes et du papier toilette ! »


Pour ses collègues qui traquent la palourde, la période est encore pire. Ils sont 140 dans le Morbihan, le premier département breton pour la pêche à pied professionnelle. Seule subsiste une vente marginale sur les marchés locaux restés ouverts.
 

"30 kilos de palourdes au lieu de 150 à 200 kilos"


Le gros des prises (345 tonnes l'année dernière) est destiné à l'Espagne. « Entre 60 et 70% de nos ventes partent sur ce marché, aujourd'hui complètement fermé » déplore le président de la commission coquillages au comité des pêches du Morbihan. François Le Long pêche à l'année. « D'habitude en cette saison, je fais 150 à 200 kilos de palourdes par semaine. Là c'est 30 ! »

Compensation espérée : celle du fonds de solidarité au titre de la crise sanitaire Covid 19. Les pêcheurs à pied professionnels peuvent y prétendre. Elle prévoit une aide mensuelle allant jusqu'à 1500 € par mois si la perte de chiffre d'affaires atteint 50% par rapport à mars 2019.


L'avenir en pointillés


Sans verser dans le pessimisme, Yves Rigault entrevoit l'après confinement avec beaucoup de réserve. « En général, avec le mois de mai, reviennent le dinophysis et les fermetures sanitaires qui en découlent » redoute-t-il.

Cette algue produit une toxine responsable de troubles digestifs et de symptômes neurologiques en cas de consommation de coquillages contaminés. A cause d'elle, la baie de Douarnenez par exemple, était fermée à la pêche à pied depuis de longs mois et vient juste de rouvrir.

Et là, si le dinophysis fait son apparition, panneau ou pas panneau sur la plage, Yves sait qu'il ne pourra pas pêcher.

 
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