En quelques jours, la pétition a rassemblé plus de 3 000 signatures. Un habitant de Crozon-Morgat sur deux y a apposé son paraphe. Ils s’opposent à la construction d’un immeuble de cinq étages à moins de deux cent mètres de la plage. Ils redoutent que le bâtiment ne défigure le charme pittoresque de la petite cité du bout du monde.
"C’est clair, je suis concerné à titre personnel puisque l’immeuble s’élèvera devant ma maison, concède Etienne Deniau, le lanceur de la pétition, Sauvons la station balnéaire familiale de Morgat. Non au béton à Morgat. Mais je suis aussi concerné par l’avenir de la commune, affirme-t-il aussitôt. Il faut conserver le caractère pittoresque de Morgat, avec ses petites maisons Belle-Epoque, sa promenade le long de la mer. "
Un promoteur vient de racheter un terrain municipal pour y construire une résidence de standing face à la mer d’une trentaine d’appartements.
On va casser ce qu’on a d’unique et de précieux pour faire ce que font tous les autres, une barre de béton
Etienne Deniau
"Ici, poursuit Etienne Deniau-il, il n’y a pas de Mac Do, pas de Starbucks mais des petits bars, une crêperie."
La contamination du béton
L’immeuble mesurera 57 mètres de long et de 16 mètres de haut. "Il faut arrêter de bétonner et construire ce type d’immeubles, s’agace son futur voisin. Après, on nous dira, il y en a déjà un, on peut en construire un autre ici, puis encore un autre là-bas… etc… etc…" s'inquiète-t-il
Patrick Berthelot, le maire de Crozon, se veut rassurant. "Le futur immeuble ne défigurera pas Morgat affirme-t-il. Il respecte l’architecture locale et a même reçu l’aval de l’architecte des Bâtiments de France" plaide l'élu.
42% de résidences secondaires
Aleth Reynolds fait partie des signataires de la pétition. "On a besoin de logements à Morgat, reconnaît la jeune commerçante, mais pas de ce type de logements-là. Il nous faut des appartements pour les jeunes actifs, pour les saisonniers, pour les familles. Le projet ne correspond ni à leur budget, ni à leurs attentes. On a besoin de gens qui sont là à l’année, qui font vivre les commerces. "
Un discours partagé par Gaëlle Vigouroux, élue de l’opposition municipale. "On va fermer une classe dans l’école parce que les familles s’en vont, regrette-t-elle. Ici, on a des gens qui vivent dans des maisons d’octobre à juin mais qui se retrouvent sous des tentes tout l’été parce que leurs propriétaires préfèrent louer 1 000 euros la semaine pendant cette période-là. Ca ne peut pas durer ! Il y a aussi des jeunes qui s’installent mais qui repartent très vite parce qu’ils ont passé l’hiver dans une passoire thermique. Les propriétaires ne font pas de travaux d’isolation puisque leur but c’est encore une fois de louer l’été."
Garder des habitants
Le maire de la commune affirme tout faire pour que les locaux puissent rester dans la commune. "Nous avons modifié le plan d’urbanisme et nous y avons inscrit que 40% des logements devaient être accessibles aux gens qui n’ont pas de gros moyens " précise-t-il.
Mais depuis que la taxe d’habitation sur les résidences principales a disparu, "la taxe sur les résidences secondaires garantit des revenus à la commune. Il nous faut trouver des ressources financières", admet-il.
"Se promener sur le front de mer entre l’océan et les jolies maisons à taille humaine, aller jusqu’au port, contempler les maisons colorées, apprécier le calme et la douceur de vivre, voir au loin la mer. Voilà ce que nous aimons faire à Morgat" écrit Etienne Deniau dans la conclusion de sa pétition.
Il n’y a qu’une seule presqu’île de Crozon… mais sans doute deux visions différentes du monde.