Six tonnes d’endives ont été détruites cette fin de semaine à Kerlouan dans le Finistère. Les producteurs regardent les chariots élévateurs qui jettent les salades qu’ils ont bichonnées pendant des mois. Elles vont partir nourrir les vaches !
"Ça fait mal au cœur, mais en ce moment, ça coûte moins cher de détruire que de produire." Daniel Joly, producteur à Kerlouan, ne parvient pas à comprendre. Sous ses yeux, le tas d'endives jetées ne cesse de grossir. " Notre coût de revient se situe autour de 80 centimes, on nous les achète à 45 centimes, ce n’est pas possible."
"Ces endives-là auraient dû être parties depuis une semaine, elles continuent de pousser, on ne comprend pas pourquoi elles ne se vendent pas."
Un épisode incompréhensible pour les producteurs
Il y a 20 ans, la Bretagne produisait 20 000 tonnes d’endives par an, on n’en fait plus que 5 000. " Il n’y a pas de surproduction, pas de problèmes de météo qui aurait modifié la production… juste un problème de vente qu’on ne s’explique pas ," se lamente Gérard Guillerm. "Depuis 15 jours, on ne s’en sort plus."
Ces dernières semaines, la Cuma de l’Hermine à laquelle les deux producteurs sont adhérents perd 5 000 euros par jour. "60% du prix de revient d’une endive, c’est la main d’œuvre " explique Gérard Guillerm.
"La main d'oeuvre, c'est 60% des charges "
En période de production, une soixantaine de personnes travaillent pour la Cuma. Les endives passent d’abord à "la casse "où les chicons sont séparés de leur racine, une par une, avant d’être conditionnées et débarrassées manuellement des feuilles abimées. "Tout ça pour que les endives finissent en tas par terre", Daniel Et Gérard en sont malades.
Des prix plancher pour les producteurs, mais pas pour les consommateurs
Les producteurs sont allés discrètement faire des contrôles de prix dans les magasins. Ils n’en sont pas revenus. "Quand on vend des endives 50 centimes, on pourrait comprendre qu’elles soient vendues 1 euro, 1 euro 20 dans les magasins, avec les coûts de transport, a marge des intermédiaires, les frais de l’enseigne, concède Gérard Guillerm, mais les trouver à 2, 3, ou 4 euros, c’est de la provocation. Comment on peut oser mettre un prix 9 fois plus cher que le prix de départ ? Quand nous on perd des sous ? "
"Ce serait bien, disent-ils, que certains réduisent leurs marges pour que les consommateurs puissent acheter nos produits et que les agriculteurs puissent vivre."