Frappée et insultée devant ses enfants, elle donne l'alerte à sa pharmacienne. Le mari reconnu coupable est condamné

Pendant le confinement, une femme de 37 ans vivant près de Morlaix dans le Finistère, a pu alerter une pharmacienne sur les violences conjugales qu’elle subissait de la part de son conjoint. Le procès du mari a lieu ce 3 septembre. La victime témoigne.

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Nous l'appelerons Louise. Louise à 37 ans, elle réside à Lanmeur, une petite ville proche de la baie de Morlaix dans le Finistère. Depuis six ans, Louise est mariée, avec l'homme avec qui elle vit depuis 11 ans. Ensemble, ils ont deux enfants de 6 et 8 ans. 

Dans l'intimité du couple, les choses vont mal depuis que son conjoint de 34 ans connaît des problèmes de santé. La violence s'installe. Crachats, violence psychologique, insultes et coups fusent devant les enfants.  

Pendant le confinement, impossible de sortir. Le mardi 7 avril dernier, Louise a besoin d'aide. Elle sait qu'une procédure existe auprès des pharmacies en cas de violences conjugales. Elle se décide d'appeler la pharmacie proche de son domicile. En confiance auprès de cette équipe presque exclusivement féminine, elle va se confier par téléphone. Elle nous raconte la suite. 


Plus facile d'en parler à la pharmacie qu'à la gendarmerie


"J'en ai parlé à la pharmacienne que je connais bien car mon fils est diabétique. À force d'avoir peur et d'être dans des circonstances misérables, je l'ai contactée pour les prévenir. Elle, a son tour, elle a appelé la gendarmerie qui s'est rendue dans l'heure à mon domicile pour arrêter mon conjoint.

Je pense que c'était plus facile de lui parler à elle, parce que je la connais. Je ne sais pas si j'aurais eu la force d'aller à la gendarmerie, mais des membres de ma famille l'auraient fait".


Louise a utilisé un dispositif qui a été déployé dans toute la France pour permettre aux personnes confinées avec des conjoints violents, de donner l’alerte discrètement au comptoir de la pharmacie. Ce dispositif a parfaitement fonctionné.

En effet, la victime a pu expliquer à la pharmacienne qu'elle avait une fracture dûe àdes coups reçus et que son conjoint l’a une nouvelle fois insultée et frappée, devant ses deux enfants. La pharmacienne a alors réagi en suivant la procédure proposé par le ministère de l'intérieur.

 Ensuite, tout va très vite. "Le centre d’appels prend en compte immédiatement ce signalement, envoie une patrouille au domicile, où se trouve le couple. Le mari reconnaît l’intégralité des violences", précisera le colonel Nicolas Duvinage à l'époque des faits.



Une nouvelle mission pour les pharmacies


Quand elle décroche le téléphone de sa pharmacie, la titulaire n'a encore j'amais eu affaire à une telle situation. 
 

Je suis tombée des nues, les documents m'ont aidé à réagir dans le bon sens.

La pharmacienne de la pharmacie des 4 vents à Lanmeur

"Heureusement pendant le confinement, le conseil de l'ordre nous avait envoyé une documentation sur cette nouvelle mission pour les pharmaciens d'officine. Cette mission revenait plutôt aux médecins, mais avec le confinement les pharmacies sont rentrées dans le dispositif du ministère de l'intérieur" nous témoigne l'une des titulaires de la pharmacie des 4 vents à Lanmeur.

 

J'ai discuté avec la victime, nous avons décidé que la meilleure solution pour l'aider était que j'appelle la gendarmerie.

La pharmacienne de la pharmacie des 4 vents à Lanmeur

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L'important pour moi est qu'il soit condamné. Peu importe la manière de le faire. Cela a été plus simple pour moi de le faire comme cela, via la pharmacie.

Louise, victime de violence conjugale

 

La mari reconnu coupable de violence est condamné


À la suite de son interpellation, le trentenaire a dû quitter le domicile familial en attendant son procès ce 3 septembre. N' ayant pas de casier, il a été mis immédiatement sous contrôle judiciaire, c'est à dire qu' il ne pouvait pas retourner dans son ancien domicile, ni rentrer en contact avec son ex-compagne.

Le procès a eu lieu. Maitre Inès Merienne, avocate au barreau de Brest, a accompagné la victime depuis le début de la procédure. Le prévenu a été reconnu coupable ce qui satisfait l'avocate et sa cliente. Mais aucune mesure d'éloignement n'a pu être mise en place, le couple ayant deux enfants et étant au début d'une procédure de divorce. 
 

Le juge a rejeté le caractère habituel des violences, gardant seulement les faits du 27 mars. Trois mois avec sursis, et des indemnités est-ce suffisant ? La question est posée. Le conjoint a été protégé par son casier judiciaire vierge, mais s'il recommence il sera emprisonné. 

Maitre Inès Merienne

Pour l'avocate de la victime, habituée des affaires de violence et du droit de la famille et des personnes, la reconnaissance du caractère habituel des violences est le vrai problème dans ce type de cas de figure.
 


Le dispositif d'alerte : 3919


Pour les femmes victimes de violences, arrêtonslesviolences.gouv.fr permet de signaler en ligne des cas de violences sexuelles et sexistes, 24 heures/24 et 7 jours/7, sans laisser de traces dans l'historique.

Des policiers et des gendarmes formés prennent votre signalement et peuvent déclencher des interventions. Depuis le 26 mars, la police nationale dispose également d'un tchat, accessible tous les jours entre 8 heures et 21 heures, grâce auquel vous pouvez signaler votre situation et demander conseil.

Il est également possible pour les femmes victimes de violences de solliciter de l'aide en pharmacie. Le pharmacien peut recueillir votre identité et composer le 17 si vous souhaitez prévenir la police. 

Le 3919, numéro d'écoute national pour les femmes victimes de toutes les formes de violences (physique, psychologique, économique...) reste joignable du lundi au samedi de 9 heures à 19 heures. Il est gratuit et n'apparaît pas sur les factures téléphoniques. Il en va de même pour son équivalent pour les mineurs, le 119, qui est lui accessible 7 jours/7 et 24 heures/24.

Ces deux numéros vous permettent de recevoir conseil et accompagnement pour signaler les violences dont vous êtes la victime.

 
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