Fronde contre les mobile homes dans les campings, un collectif défend les emplacements libres pour les touristes itinérants

Depuis un an, le collectif "Sauvons le vrai camping" se mobilise pour conserver les places réservées aux campeurs itinérants, en toile de tente, caravanes ou camping-cars. Face aux terrains privilégiant la location de mobile homes, une pétition réclame le maintien des places nues réservées aux "vrais campeurs".

"De plus en plus de campings n’acceptent plus les campeurs !  Un camping qui n’accepte plus les campeurs n’est plus un camping ! » ce sont les premiers mots de la pétition lancée par le collectif "Sauvons le camping".

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66 gérants de campings, du 2 au 4 étoiles, individuels ou affiliés à des groupes, ont décidé de se réunir pour interpeller Olivia Grégoire, Ministre du tourisme. Ils avancent un chiffre : 3% des emplacements de camping passent de "nus" à emplacements équipés chaque année. Les ventes de mobile homes pour équiper les terrains sont en pleine explosion. Ils craignent un inversement de tendance.

Pour Olivier Lemercier, à la tête du collectif, "les vacances en toiles de tente sont les moins chères. Elles ont été initiées, souvenez-vous, lors des premiers congés payés. Cela permet aux familles modestes de profiter. De même pour les itinérants comme les cyclistes qui peuvent se déplacer en toute liberté. Les emplacements nus permettent aussi aux caravanes, camping-cars et vans de faire étape." Il souligne aussi que ce type de camping est privilégié par les touristes étrangers qui représentent un tiers de la fréquentation des emplacements nus. Il met également en avant son aspect écologique et proche de la nature.

Lui-même est propriétaire du camping familial "d'Iscle de Prelles", dans les Hautes-Alpes. Une structure trois étoiles de 110 emplacements dont seulement 35 en locatifs. "Je n'ai pas de problème, mes réservations sont bouclées et chez nous il y a l'attrait de la montagne. Mais je ne veux pas perdre mon âme. Des mobile homes ou des hébergements insolites à louer sur un terrain, c'est ce qui rapporte, c'est notre marge, mais il faut savoir garder de quoi accueillir un tourisme itinérant à un coût moins élevé même si ces emplacements-là ne rapportent rien".

Le mercato des campings

Beaucoup de petits campings ont des modèles économiques menacés. Ils ferment aussi faute de visibilité sur les réseaux. "Quand vous tapez le mot camping dans un moteur de recherche, c'est toujours les gros campings qui captent la visibilité car ils ont des plans marketing. Ils sont gérés par des fonds d'investissement et bénéficient de bons réseaux de distribution. Les campings traditionnels ne peuvent pas lutter et sont rachetés par des gros groupes." C'est le constat de Guillaume Le Marchand, propriétaire du camping "Les sept îles" à Trélévern, dans le Finistère.

Selon Olivier Lemercier :"Les campings municipaux disparaissent, les campings familiaux sont également touchés et passent dans l'escarcelle de groupes qui vont modifier la structure des lieux. Face à la mer, de plus en plus de terrains 100% mobile homes et hébergements insolites sont implantés".

" Les campings municipaux et majoritairement les campings en zone rurale ont du mal à survivre, écrasés par un modèle économique dominant. Ce sont ces terrains qu'il faut sauver car ils permettent d'éviter trop de concentration " ajoute Guillaume Lemarchand.

La réponse de la Fédération

La Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air (FNHPA)  rejette ces arguments. Son président, Nicolas Dayot rétorque : "Les campings installent des mobile homes parce qu'ils sont plébiscités par leurs clients. Aujourd'hui, le campeur ne ressemble plus à ce qu'il était dans les années 70. La majorité de nos vacanciers recherche un bon rapport qualité/prix mais veut aussi un hébergement avec un certain confort qui rassure et des services comme la restauration, les piscines et des animations".

Pour illustrer cette tendance, le président de la fédération explique que 50% des campings ruraux ont fermé depuis 2010, faute d'équipements suffisants et que les vieux campings vivotent. Une adaptation est indispensable. Pour autant, il n'y a pas lieu de crier au loup selon lui, puisque les derniers chiffres indiquent que les emplacements nus sont encore légèrement majoritaires sur les terrains français.

Une grande liberté

L'hôtellerie de plein air va bien. Elle représente 50% de la fréquentation touristique l'été. C'est elle qui a le mieux résisté durant la période du Covid. "Notre chance c'est de pouvoir nous adapter. Grâce aux hébergements locatifs, en cas de canicule ou au contraire de forte pluie, notre clientèle reste captive. C'est ce qui nous permet de faire face aux turbulences du marché." Nicolas Dayot défend un modèle économique d'une grande liberté. "Le secteur dispose d'une grande souplesse. Libre à chacun d'acheter ou de vendre ses mobile homes ou au contraire d'agrandir ses emplacements nus pour gagner en attractivité. Il n'y a pas de contraintes."

Pot de terre contre pot de fer, du côté du collectif "Sauvons le vrai camping", on montre du doigt les grosses structures : " En basse saison, les campings qui font du 100% locatif cassent les prix pour remplir leurs locations et mettent le modèle économique des structures traditionnelles en difficulté." 

Du côté de la Fédération, représentant 90% de la profession, on rappelle que c'est grâce à la transformation des campings et à une montée en gamme que la France est aujourd'hui en tête des pays européens en matière de fréquentation. Une cohabitation des tenants d'un camping plus authentique et des adeptes d'un camping plus moderne n'est pas incompatible espèrent en tout cas les amateurs de vacances en plein air.

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