Glyphosate : un herbicide trop répandu en Bretagne

Alors que l’Europe devrait décider ce jeudi 9 novembre de prolonger ou non l’autorisation du glyphosate, certains agriculteurs bretons vont devoir s’interroger sur leurs pratiques culturales.  Les départements du Finistère et des Côtes-d’Armor sont les plus concernés.

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C'est un produit omniprésent dans l’eau des rivières bretonnes. Le glyphosate est utilisé comme désherbant par les agriculteurs, les collectivités et les particuliers. Accusé d’être cancérogène par de nombreuses associations, plus d’un million de citoyens européens ont signé cet été une pétition contre le renouvellement de la licence actuelle accordée à Monsanto et qui prend fin le 15 décembre. La Commission européenne envisageait jusque-là de mettre au vote une nouvelle autorisation pour cinq ans. La décision déjà repoussée deux fois pourrait être prise ce jeudi 9 novembre.

La Bretagne dans le rouge

En Bretagne, le constat est on ne peut plus clair. Le glyphosate y était en 2015, le pesticide le plus vendu : 394 tonnes !
Finistère et Côtes d'Armor figurent dans le top 10 des départements français les plus consommateurs.

Sur la carte de l'utilisation du glyphosate en France, le Finistère est en rouge. C'est qu'au-delà de l'utilisation classique des désherbants, la pointe bretonne a eu recours en masse au glyphosate, notamment dans le cadre de la lutte contre les nitrates et les algues vertes.


Un couvert végétal hivernal est en effet préconisé pour éviter le lessivage des sols par la pluie. Dans nos régions d’élevage où se cultive beaucoup de maïs le sol est nu après la coupe des épis. Il est donc fortement exposé au lessivage par les pluies qui entrainent l'azote (les nitrates) dans les rivières. On préconnise donc d'y laisser pousser un couvert végétal, d'y semer de l'herbe ou des engrais verts, mais ensuite pour s'en débarrasser facilement il faut soit labourer avec le tracteur soit s'en débarrasser avec du glyphosate. Le glyphosate est tentant parce qu'il tue toutes les mauvaises herbes jusqu'à la racine, son épandage va beaucoup plus vite qu'un désherbage mécanique et donc économise le carburant.


Remettre en question les pratiques culturales

Depuis une dizaine d'années, les techniques culturales sans labour préconisées très officiellement pour améliorer la qualité du sol et faire gagner du temps aux agriculteurs, ont donc entraîné elles aussi des épandages de glyphosate. Comment expliquer que les alertes des scientifiques sur les dangers des désherbants chimiques n'aient pas été entendues ? Peut-être la publicité pour le désherbant a-t-elle convaincu nombre d’agriculteurs ? Monsanto a pourtant été condamné par la justice pour publicité mensongère en 2008, mais aujourd'hui encore certains responsables agricoles sont dans le déni des dangers avérés du glyphosate.

intervenants : Olivier Manceau - agronome Chambre d'agriculture 29 / André Sergent Pdt de la Chambre d'agriculture 29 / Thierry Merret président de la FDSEA 29 ©France 3 Iroise


Nicolas Hulot contre l'autorisation de cinq ans

Ce mercredi matin sur RMC, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a affirmé que la France ne votera pas la prolongation de la licence pour plus de trois ans. Un compromis pour amener l’agriculture européenne à trouver des alternatives au glyphosate dans ce délais.

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