Depuis deux ans, les auteurs de romans policiers finistériens se sont regroupés au sein d'un collectif baptisé "L'assassin habite dans le 29". Ils organisent des rencontres et dédicaces à Concarneau les 8 et 9 août.
Le nom de l'association est un clin d'oeil appuyé au film d'Henri-Georges Clouzot. A défaut d'habiter au 21, l'assassin habite (donc) dans le 29. Et les auteurs de roman policier qui animent le collectif aussi.
Dans le Finistère, le polar est une affaire sérieuse. Au point qu'une dizaine d'écrivains décide, par un beau jour d'hiver 2018, de fonder une association. "Ça germait depuis un moment" raconte son président, Stéphane Jaffrézic.
Premier salon à Concarneau
Aujourd'hui, le collectif regroupe une trentaine d'auteurs et tient salon, plusieurs fois par an, à la Pointe bretonne. Les 8 et 9 août, Concarneau sera la prochaine cible de "L'assassin habite dans le 29". "Une première pour notre association dans cette ville, se réjouit Stéphane Jaffrézic. Et une bonne nouvelle car, en raison de l'épidémie de Covid-19, tout ce que nous avions prévu cette année avait jusque-là été annulé".
Le public pourra notamment y croiser Pierre Pouchairet, ancien commandant de police à la retraite, prix du Quai des Orfèvres 2017 pour "Mortels trafics" et l'un des premiers écrivains finistériens à avoir rejoint le collectif. "Quand il nous a contactés à la création de l'association, nous étions plutôt contents de voir qu'une pointure comme lui s'intéressait à notre projet".
Série d'enquêtes
Bernard Larhant est une autre signature du collectif. Dans le civil, il est verbicruciste : il crée des mots croisés ou fléchés pour différentes publications nationales. Rien à voir avec le monde du polar... à part peut-être cette notion d'énigme avec laquelle il aime jouer.
Quand il se met à l'écriture de romans en 2006, il ne verse pas tout de suite dans l'intrigue policière. Trois ans plus tard, il se prend au jeu et donne naissance à une série d'enquêtes menées par ses deux personnages récurrents : le capitaine Paul Capitaine et Sarah Nowak. Le 19e épisode, "Tragédie à l'Ile-Tudy", vient d'ailleurs d'être édité.
Avec le Finistère pour seul décor, Bernard Larhant opère comme un enquêteur pour bâtir ses histoires. "Je travaille de manière un peu particulière, explique-t-il. Je rédige 150 pages de trame en cinq jours. Ensuite je reprends tout, chapitre par chapitre, je me déplace dans les lieux où se déroule l'histoire. Je récolte des anecdotes sur place qui nourrissent mon récit, de manière à ce que les gens du coin se retrouvent dans ce que j'évoque".
"Des petits romans policiers régionaux, ça se vend, ça ?"
Celui qui se définit davantage comme un "auteur d'histoires" épluche également l'actualité finistérienne. Et quand il flaire une piste, il se lance. "En ce moment, confie-t-il, je bosse à partir de cette affaire de ballots de drogue retrouvés sur les plages en novembre dernier". Il prend des notes, ici et là, "des petits bouts de trucs qui me viennent et qui, peut-être, n'aboutiront à rien" sourit-il.
Bernard Larhant constate que le roman policier est "bien vivant" en Bretagne, région qui abrite plus d'une centaine d'auteurs et des lecteurs nombreux. "Il n'y a pas que les Parisiens, les Américains ou les Scandinaves qui savent faire". Il se souvient de cette réflexion lors d'un Salon du Livre à Paris auquel il participait : "un type passe devant notre stand polar breton et s'exclame : 'oh tiens, des petits romans policiers régionaux, ça se vend, ça ?'. Nos "petits polars régionaux, comme il dit avec mépris, ils sont très prisés du public parce qu'ils racontent aussi la Bretagne".