A quand les douches de plages qui ne gaspillent plus l'eau ? Dans le Finistère, l'entreprise Marine Filter a mis au point et testé une cabine qui recycle l'eau à volonté. Elle n'attend plus que l'agrément du Ministère pour la commercialiser auprès des communes du littoral soumises aux restrictions pendant l'été. Avec la crainte de se faire doubler par la concurrence étrangère.
L’idée lui est venue il y a quatre ans en revenant de vacances en Espagne.
"Sidérés par la consommation d’eau des douches de plage et le gaspillage, raconte le fondateur de la société Marine Filter, on s’est dit avec mon épouse que ce serait intéressant de travailler sur un système de cabines avec recyclage d’eau".
Un panneau solaire pour alimenter les pompes
À l’époque, Jean-Yvon Turpaud travaillait déjà dans le domaine de la filtration d’eau pour le carénage de bateaux. Avec son associé Jean-Pierre Le Bourhis, il a donc mis au point cette fameuse cabine écolo.
"C'est un module inox et bois, mobile, autonome, sans branchements électriques. Avec citerne de 1000 litres, système de filtration, et de traitement, comme à la piscine. Exit les impuretés, bactéries, poils, cheveux, crème solaire. Exit aussi la terre que les gens peuvent ramener sur leurs pieds".
Le système fonctionne en circuit fermé, recycle l’eau à volonté pour les douches suivantes. Et c'est un panneau solaire qui permet d'alimenter les pompes d’aspiration et de circulation d’eau.
Testée aux Glénans
Pour mener à bien son projet, la société Marine Filter, basée à Saint Evarzec près de Fouesnant, a reçu un coup de pouce de la Région Bretagne : une aide de 46 000 euros.
Testée cet été aux Glénans par les stagiaires de l’Ecole de voile, la cabine a permis de faire "80% d’économies d’eau" selon Jean-Yvon Turpaud,
"Dans des zones où il y a des problèmes d’alimentation, ou comme on l’a vu cet été des restrictions, dit-il, c'est idéal pour se rincer après la plage".
Le marché des collectivités pour les douches de plage
Le module fait 2m 10 de haut, 1m 25 de large, 1m 60 de long, et coûte 15 000 HT. Le marché potentiel est énorme. C'est notamment celui des collectivités du littoral, et de leurs douches de plage.
"On a par exemple eu des contacts avec la Grande Motte qui nous a expliqué qu’elle consommait un million de litres par douche pendant la saison estivale. Avec les restrictions qui vont devenir récurrentes, la station balnéaire serait preneuse de nos cabines, mais encore faut-il avoir qu'on décroche l’agrément sanitaire. Et on ne l’a toujours pas".
En attente de l’agrément du Ministère
L'agrément, le feu vert, doit venir du Ministère de la Santé. "Mais comme c'est un produit qui jusqu'ici n’existe pas, c’est compliqué, explique Jean-Yvon Turpaud, d'autant qu’en France, risque sanitaire oblige, la règlementation est très stricte en matière de réutilisation d’eau".
"On comprend, mais on aimerait que ça aille un peu plus vite, pour pouvoir en commercialiser dès l’été prochain. Et surtout ne pas se faire doubler par la concurrence."
Ne pas se faire doubler par les Asiatiques...
Pour sa cabine, la société finistérienne a déposé un brevet. "Mais on s’est déjà fait copier par des escrocs dans le sud de la France, raconte encore son fondateur. On ne sait pas ce qu'ils sont devenus mais vous imaginez bien que plus ça traîne, plus on risque aussi de se faire déborder par une concurrence étrangère, asiatique par exemple. Et là, brevet ou pas, pour faire valoir nos droits, ce sera plus compliqué".
"Ce qui m’inquiète, termine Jean-Yvon Turpaud, c’est qu’on ne nous donne pas le feu vert, qu’on finisse par laisser tomber parce que ça fait déjà quatre ans qu’on travaille là-dessus. Et que dans quelques années, la France se mette à importer des cabines de Chine ou d'ailleurs. Que tout le monde dise, c’est formidable ! Pourquoi on n’y a pas pensé chez nous ?"
"Alors que c’est une petite entreprise bretonne qui a un coup d'avance. Ce genre de scénarios, on l'a déjà vu dans plein de domaines" fait remarquer Jean-Yvon Turpaud.