Les enclos paroissiaux du Nord-Finistère pourraient être reconnus par l'Unesco comme appartenant au patrimoine mondial. La procédure dure en moyenne d'une dizaine d'années, elle n'en est qu'à ses débuts dans le Finistère. Des 70 sites repérés, il n'en restera qu'une quinzaine. Pour lancer la procédure de pré-sélection des critères patrimoniaux et historiques seront appliqués et les communes devront se plier à de nombreuses contraintes.
Ils parsèment la carte du territoire breton mais se concentrent principalement en Basse-Bretagne. Centraux dans les bourgs mais ignorés par le grand public qui les perçoit comme un élément du décor. Les enclos paroissiaux de Basse-Bretagne pourraient connaître une nouvelle vie avec un possible futur classement au patrimoine mondial de l’Unesco.
Un choix à faire parmi les enclos paroissiaux
La tâche est longue car parmi les enclos, tous ne pourront pas être classés. Le choix s’est porté pour des raisons de cohérence architecturale et historique sur les enclos de Basse-Bretagne. Et le département du Finistère s’est fait porteur du projet UNESCO.
Le comité scientifique, créé il y a un an, a établi une liste des enclos paroissiaux du département. Il s’agit maintenant de les sélectionner selon les critères de l’Unesco d’authenticité et d’intégrité.
Jean-Jacques Aillagon, déjà artisan du classement à l'Unesco de la ville de Nice, préside ce comité scientifique. “Il faut démontrer la valeur universelle exceptionnelle, en quoi ce patrimoine concerne toute l’humanité et justifier que les constituants de ce patrimoine existent toujours et sont toujours accessibles au public.”
Dans le Finistère, 70 enclos paroissiaux remplissent ces deux critères d’authenticité et d’intégrité demandés par l’Unesco. Dans ces communes les enclos sont complets ou en partie complets. J.J. Aillagon détaille : “On essaie d’observer de manière suffisamment fine si une église, un clocher, un porche sud, un ossuaire parfois, une clôture, un porche monumental, une fontaine sont présents, s'ils sont bien conservés et s’ils n’ont pas subi des modifications telles qu’ils ne pourraient plus être présentés au patrimoine mondial de l’Unesco.”
Les plus complets, les plus beaux et les plus significatifs seront dans la première sélection. Encore faudra t-il que les communes soient proactives dans la mise en valeur de leur patrimoine.
Une candidature qui ne fait pas sans contrainte pour les communes
Le comité scientifique a exposé aux 70 maires les contraintes et contreparties auxquelles ils devront se plier pour pouvoir voir leur commune retenue.
Les 30 communes qui seront présélectionnées devront donc travailler sur des règles communes de protection et de gestion de leur enclos paroissial et les faire appliquer dans un périmètre qu’elles auront déterminé avec le comité scientifique et les services du département.
Fini donc le stationnement autour des enclos, les cimetières, eux, devront respecter des règles communes d’aménagement et d’esthétique, la signalétique commerciale autour du site devra être réglementée également. Des contraintes comprises par les maires mais qui annoncent un important travail collectif puisqu’elles seront communes à la trentaine de communes présélectionnées.
A Bodilis, une commune située à 5 kilomètres de la base aéronautique navale de Landivisiau, c’est moins le bruit des rafales qui survolent le clocher qui inquiète le maire, que la route départementale qui passe juste devant l’enclos.
3700 véhicules par jour dont 20 à 30% de camions passent devant les pierres du XVIème siècle et traversent le bourg. “Ce n’est pas un problème que pour le dossier Unesco, c’est un problème général” explique le maire Guy Gueguen. “Il y a déjà eu plusieurs projets de déviation des poids-lourds mais ils n’ont pas abouti. Le département n’est pas prêt à faire de gros travaux d’aménagement routier, peut-être que ce dossier Unesco pourra accélérer les choses pour trouver une solution convenable pour tous.”
Apprendre que le trafic du bourg pourrait être pénalisant pour son enclos a quelque peu douché les espoirs du maire, même s’il se dit prêt à se plier à toutes les autres contraintes.
Prochaine étape pour le comité scientifique, les communes et le département : choisir les 30 sites qui seront inscrits dans la liste indicative des biens français qui pourront candidater au patrimoine de l’Unesco. De ces 30 enclos, seuls une quinzaine environ figureront sur la liste définitive présentée à l’Unesco.
Mais, Maël de Calan, le président du conseil départemental se veut rassurant : “si le Finistère obtient le label Unesco, tous les enclos du département profiteront de cette notoriété.”
Une notoriété et une mise en valeur non négligeable du patrimoine et de l’histoire locale alors qu’en Bretagne seule la tour Vauban de Camaret est classée au titre des biens en série des constructions Vauban.