Visé par une obligation de quitter le territoire français, Alhassane Kaba a remporté son combat face à la préfecture du Finistère. Le jeune Guinéen de 21 ans avait saisi la justice pour défendre son droit de vivre en Bretagne, là où il a construit sa vie, au sein d'une famille qui l'a recueilli il y a 5 ans.
Quand son avocate l'a appelé pour lui annoncer qu'il avait obtenu son titre de séjour, Alhassane Kaba a eu un peu de mal à y croire. "Vous rigolez ou quoi ?" a répondu le jeune Guinéen de 21 ans, sous le coup d'une menace d'expulsion.
Ce 15 mai 2024, le tribunal administratif de Rennes a tranché en sa faveur et débouté la préfecture du Finistère qui avait prononcé une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en janvier dernier.
"On est fous de joie"
Alhassane savait que son dossier était solide. C'est son intégration réussie qu'il est allé défendre, sans hésiter, devant la justice. "Je n'ai rien à me reprocher, dit-il. Alors, j'ai mis toutes les chances de mon côté". Bac professionnel microtechnique mention bien, promesse d'embauche d'une entreprise locale dans le cadre d'un BTS en alternance, témoignages et soutiens de ses professeurs, de ses amis, autant d'éléments qui, selon les juges rennais, attestent "de sa particulière intégration au sein de la société française".
Dans sa décision, le tribunal demande également que la mention "vie privée et familiale" soit indiquée sur le titre de séjour. "Ce qui n'est pas rien, témoigne Sandrine Corre, la maman de cœur d'Alhassane. Contrairement à ce qu'affirmait l'avocat de la préfecture lors de l'audience, à savoir qu'Alhassane n'avait aucun lien avec nous, la justice reconnaît qu'il fait partie de notre famille. Car, oui, c'est notre gamin".
Il va enfin pouvoir démarrer sa vie tranquillement, être libre
Sandrine CorreMaman de coeur d'Alhassane
Depuis 5 ans, le jeune homme partage la vie de cette famille bretonne, près de Morlaix. Elle lui a ouvert grand la porte et avec elle, la promesse de jours meilleurs. Lui qui a grandi dans la rue en Guinée Conakry a trouvé ici de quoi se bâtir un avenir. "Et à 21 ans, il va enfin pouvoir démarrer sa vie tranquillement, être libre, confie Sandrine. On est fous de joie et bouleversés en même temps. On est tellement heureux pour lui".
Horizon dégagé
C'est entouré de sa famille d'accueil, de ses parrain et marraine civils et d'Annaïg, sa petite amie, qu'Alhassane a célébré son droit de rester en France. "J'avoue que tout au long de la journée d'hier, je me suis quand même dit : est-ce que c'est bien vrai, tout ça', sourit-il. Je suis sur un nuage. Après 5 ans de combat, c'est dingue, c'est épique".
Au réveil, ce jeudi matin, il n'a pas perdu de temps et a repris ses révisions du code de la route. L'horizon est dégagé pour le jeune Guinéen qui foisonne de projets. À commencer par son entrée au pôle de formation de l’Union des industries et métiers de la métallurgie à Brest, en septembre prochain. Puis la signature de son contrat en alternance. "Lui et sa copine vont prendre un appartement ensemble à la rentrée, se réjouit Sandrine. C'est la vie qui commence" souffle cette maman, laquelle confie avoir versé quelques larmes depuis que la bonne nouvelle est tombée. "De joie" précise-t-elle. Elle salue le courage de son fils qui, espère-t-elle, en donnera "à d'autres, partout".
Alhassane, lui, a promis une grande fête à ses amis cet été. Ceux et celles dont il n'imaginait pas se séparer s'il avait été contraint de retourner dans un pays où il ne connaît personne. "Ma vie est ici, répète-t-il, et désormais, c'est l'avenir qui s'ouvre à moi".