Remarquable par sa taille, le robinier faux-acacia de Béatrice et Michel figure parmi les 15 finalistes du concours de l'arbre de l'année 2022. C'est lui qui représentera la Bretagne. Le spécimen, qui trône majestueusement dans leur propriété de Saint-Pol-de-Léon, a plus de 250 ans. Et attend le vote du public.
Quand ils ont visité leur maison pour la première fois, à Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, Béatrice et Michel sont tombés sous le charme de l'arbre immense qui trône au milieu de leur propriété. 20 mètres de hauteur, 5 mètres de circonférence, ce robinier faux-acacia déploie toute sa majestuosité et ne plie pas sous le poids de son âge, estimé entre 250 et 384 ans. "C'est un vieux pépère, sourit Michel. Si cet arbre a effectivement l'âge de la maison, il doit dater de 1638. C'est un vénérable à qui l'on doit le respect".
Représentant de la Bretagne
Auprès de son arbre, le couple vit heureux. Et garde un oeil attentif et attentionné sur ce triple centenaire. Au point que le jour où Michel constate que des petites branches s'en détachent et tombent au sol, il fait appel à un expert pour savoir s'il est en bonne santé.
David Happe, arboriste à l'Hôpital-Camfrout, se rend au chevet du robinier. "Et là, quand il est arrivé, raconte Béatrice, il a fait : 'ouah ! Mais il est exceptionnel, votre arbre'. J'avais flairé qu'il était beau mais je ne pensais pas qu'il était si exceptionnel". Et en pleine forme.
L'arboriste le trouve tellement remarquable qu'il suggère à ses propriétaires de l'inscrire au concours de l'arbre de l'année qui, depuis 2011, met en valeur les plus beaux arbres du patrimoine français. Béatrice et Michel se prennent au jeu.
Leur robinier faux-acacia emballe le jury qui le désigne comme représentant de la Bretagne à ce concours national.
Sera-t-il sacré arbre de l'année 2022 par le public qui peut voter jusqu'au 4 janvier 2023 ? En tout cas, il caracole pour l'instant en tête et a déjà récolté 504 voix en deux jours, depuis l'ouverture du vote en ligne.
La Bretagne s'était déjà distinguée dans ce concours. En 2011, l'arbre 'girafe' de Fouesnant avait remporté le prix du public. Deux ans plus tard, le chêne bonzaï de Bégard montait lui aussi sur le podium.
Le plus gros spécimen connu
Béatrice se dit "hyper fière" de voir son robinier ainsi dévoilé. "Il est si vieux, si beau, si majestueux, s'enthousiasme-t-elle. C'est émotionnel quand je le regarde, ça ne peut pas se décrire. Je suis contente que les gens puissent le voir".
Selon David Happe, le robinier faux-acacia de Saint-Pol-de-Léon est "le deuxième plus gros arbre de France. Le premier étant dans la Vienne mais dans un état dégradé" souligne l'arboriste. Lequel précise encore qu'il figure parmi les "dix plus gros arbres européens" et qu'il est "le plus gros spécimen connu en Bretagne" "Ce qui fait la rareté de cet arbre, indique David Happe, ce ne sont pas ses caractéristiques botaniques car l'espèce est commune en France. Ce sont ses dimensions qui le rendent remarquable. D'ordinaire, le robinier est de taille bien plus modeste".
Apparu en France en 1601
Découvert aux Etats-Unis à la fin du XVIe siècle par un botaniste britannique, le robinier est introduit en France pour la première fois en 1601 par le jardinier du roi Henri IV. L'homme s'appelait Jean Robin d'où le nom de 'robinier'.
Comment est-il arrivé dans cette propriété du nord-Finistère ? "Le mystère reste entier, relève David Happe. On ne sait pas comment les habitants de l'époque ont pu se procurer un plant de cette espèce".
Pour donner l'âge de ce robinier, l'arboriste s'appuie sur des éléments historiques. "C'est difficile de dater de vieux arbres, observe-t-il. Le tronc est souvent évidé dans sa partie centrale. Si on voulait une datation précise, il faudrait utiliser du matériel qui pourrait l'endommager. On pense que l'arbre a été planté au moment de la construction du manoir, voire plus tard. Seule certitude : le robinier a plus de 250 ans".
