Gabriel et Jean-Yves Seznec, petits-fils de Guillaume Seznec, révèlent pour la première fois devant une caméra le secret de famille sur le décès de Pierre Quémeneur en 1923, mort pour laquelle leur grand-père avait été condamné au bagne. Extrait du magazine "19h le dimanche" de ce 6 mai.
Le témoignage recueilli par les équipes de "19h le dimanche" va t-il mettre un terme à l'une des affaires criminelles les plus troublantes du XXième siècle, ou, ne sera t-il qu'un nouvel élément dans la recherche de ce qu'il s'est passé en cette fin mai 1923, mois où disparut le conseiller général du Finistère Pierre Quémeneur ?
"J’ai envie que la vérité se sache", Jean-Yves Seznec
Gabriel et Jean-Yves Seznec ont tous les deux décidé de révéler ce secret de famille de près de 100 ans, un secret que leur père leur a livré au soir de sa vie : la vérité sur l'affaire Seznec."Maintenant je me dis, il faut dire les informations que nous a données notre père, qui sont plus que des informations, pour nous, pour les autres, mais pour la vrai vérité. En fait, j’ai envie que la vérité se sache" explique Jean-Yves Seznec.
Leur père, Guillaume Seznec appelé "Petit Guillaume", leur a ainsi confié ce qu’il s’était passé ce jour-là, le dimanche 27 mai 1923 : "Papa, il m’avait dit : ’C’est une affaire toute simple', ça je me souviens de ses mots, ' C’est une affaire toute simple qui a été compliquée à outrance.’ ", ajoute Jean-Yves.
Une agression sexuelle sur Marie-Jeanne Seznec
Cette "affaire toute simple" serait une agression sexuelle de Pierre Quéméneur sur Marie-Jeanne Seznec. Les petits-fils parlent un "geste de défense" de la part de leur grand-mère, qui aurait provoqué la mort du conseiller général.Gabriel relate ainsi le récit de son père : "C’était un dimanche, d’après lui. Il était dehors. Il jouait, dans la cour, et il a entendu sa mère crier, se débattre, qui se faisait agresser en gros. Il est allé à la fenêtre et il a vu Quémeneur par terre, allongé, recroquevillé sur lui. Et il y avait la bonne aussi qui était là. Et Quémeneur était mort."
"La grand-mère, elle s’est défendue. Elle a eu un geste de défense", poursuit Jean-Yves. "Notre père n’a pas vu tomber Quémeneur, mais il était par terre quand il a regardé par la fenêtre. Cela a duré quelques secondes entre le moment où sa mère a crié et le moment où il a regardé à la fenêtre."
Gabriel rajoute : "Sa mère lui a dit qu’elle avait levé la main parce que Quémeneur l’avait agressée un peu, enfin, tripotée quoi… Et il ne s’est jamais relevé." Jean-Yves conclut cette révélation par ces mots : "Ils n’ont pas voulu sa mort, c’est un homicide involontaire finalement."
Ce reportage de 15 minutes d'Anne-Sophie Martin, Mathieu Martin et Eric Chevalier est diffusé ce dimanche 6 mai dans "19h le dimanche" ( Facebook , Twitter ). Une enquête complète sur cette affaire Seznec sera diffusée le dimanche 13 mai dans "13h15 le dimanche".
Des témoignages qui appuient la théorie révélée en 2015
Ces témoignages viennent confirmer (à quelques détails près) la théorie développée par Denis Langlois, l'ex-avocat de la famille Seznec, auteur du livre "Pour en finir avec l'affaire Seznec", paru en 2015. Dans cet ouvrage, il publie la retranscription d'un enregistrement audio dans lequel on entendrait les confidences de "Petit Guillaume" Seznec. Alors âgé de 11 ans en 1923, il aurait entendu sa mère repousser les avances d'un certain "Pierre" dans la maison familiale de Morlaix. Il aurait ensuite vu Quémeneur par terre et sa mère debout devant lui.
Ces révélations avaient été à l'origine des fouilles lancées en février 2018 par Denis Langlois et Bertrand Vilain dans l'ancienne maison familiale afin de rechercher d'éventuelles traces du corps de Pierre Quéméneur. Les fouilles avaient permis de retrouver des os ... qui s'étaient révélés après analyse, n'être que des os d'origine animale.
Tout dernièrement, le 20 avril dernier, sur son blog "Affaire Seznec Investigation" consacré à cette affaire criminelle, la journaliste Liliane Langellier relatait les révélations de Gabriel et Jean-Yves Seznec après les avoir interviewés.
Condamné pour un meurtre sans cadavre
Guillaume Seznec a été condamné en 1924 au bagne à vie pour le meurtre de Pierre Quéméneur, dont le cadavre n'a jamais été retrouvé. Il fera 23 ans de bagne en Guyane et sera libéré en 1947. Seznec clamera toujours son innocence. Sa mère puis son petit-fils Denis Seznec lutteront des années pour réhabilité sa mémoire.