Une enquête du BEA mer, publiée en février, sur la mort d'un marin expérimenté de 31 ans sur un chalutier en 2019 en Bretagne met en avant la consommation d'héroïne "à une dose toxique" du pêcheur.
Le 5 avril 2019, trois marins d'un chalutier du Guilvinec (Finistère) partent pêcher au large de la pointe de Penmarc'h. Lors d'une opération de routine consistant à la levée de la table de tri chargée de langoustines, "le matelot a été écrasé entre la table et l'enrouleur de chalut situé au-dessus", note le BEA (Bureau d'enquêtes sur les événements de mer) dans son rapport. Malgré une tentative de réanimation de l'équipage, le matelot décède.
Pour expliquer que le pêcheur ne se soit pas écarté, "le patron avance l'hypothèse d'un malaise ayant conduit à une perte de connaissance" alors que, selon l'expertise médico-légale, "le taux de morphine et la détection de 6-acétylmorphine prouvent une consommation très récente d'héroïne dans les trois heures précédant le décès".
La prise d'héroïne, qui entraine notamment une diminution des réflexes, des capacités de raisonnement et du champ de vision, est également "un dépresseur respiratoire qui a pu aggraver les conséquences du traumatisme thoracique", relève le BEA. Le matelot décédé avait navigué à la pêche de 2005 à 2011avant de subir une interruption de sa navigation pendant sept ans après un accident non professionnel. Il avait déjà été patron du navire sur de courtes périodes, précise le BEA.
Une autre enquête du BEA mer sur le naufrage d'un chalutier qui avait fait deux morts en 2018 en baie de Saint-Brieuc avait conclu à un manque de réaction au moment
de l'accident lié notamment "à l'influence du cannabis" sur un matelot qui était à la barre du navire.
Selon le ministère de la Transition écologique et solidaire, "les consommations de substances psychoactives chez les gens de mer français sont supérieures à celles observées chez les actifs d'autres secteurs d'activité".