Depuis l'instauration de quotas sur certaines espèces en 2017, la Commission européenne a décidé de renforcer les contrôles. Le règlement sera examiné ce mardi 9 mars et les armements français pêchant le thon tropical la juge inapplicable et craignent pour la pérennité de leurs flottes.
Ce mardi 9 mars, le Parlement européen va statuer sur le rapport de la Commission Pêche sur la révision du règlement instituant un régime de contrôle afin d’assurer le respect des règles de la politique commune des pêches. Et parmi les mesures annoncées, un point inquiète particulièrement Orthongel, organisation basée à Concarneau et qui regroupe les armements bretons (CFTO, Sapmer et Via Océan) pêchant le thon tropical en Océan indien et Atlantique.
Une marge d'erreur de 10%
L’article 14.4 prévoit que tous les patrons pêcheurs seront désormais dans l’obligation d’estimer de façon précise, avec une marge d’erreur maximale de 10 % les quantités de chaque espèce pêchée, puis débarquée. Une mesure jugée inapplicable en milieu tropical, sous des températures qui oscillent entre 30 et 40°.
"Les quantités qui sont embarquées en vrac doivent être plongées très vite dans des cuves pour être congelées, et donc les espèces sont difficilement différenciables l’une de l’autre", explique Pierre Alain Carré, directeur général de CFTO (Compagnie française du thon océanique).
Pour une dérogation
Pour autant, Orthongel assure ne pas vouloir se soustraire aux contrôles et à l’instauration de quotas. "Nous considérons qu’ils sont nécessaires", se défend Yvon Riva, président d’Orthongel. Mais les adhérents du groupement demandent un aménagement de l’article, similaire à celui accordé en 2016 à certains pêcheurs de petites pélagiques en mer baltique et en mer du nord. À savoir "que les 10% de tolérance s’appliquent sur la totalité des captures, toutes espèces confondues", précise son président.
"Une question de survie"
Pour les armements concernés, l’application de l’article 14.4 est ni plus ni moins qu’ "une question de survie". En cas de non-respect, des sanctions sont prévues qui peuvent aller jusqu’à la suspension définitive du brevet du capitaine et du retrait des droits de pêche du navire. "Si rien ne change, dans l’espace d’un an, un an et demi, on risque d’avoir la flotte des thoniers senneurs européens à quai, complètement désarmée", prédit le directeur général de CFTO, Pierre Alain Carré.
En Bretagne, cela pourrait menacer l’emploi de 450 marins et ébranler tout un tissu d’emplois indirects.