Une centaine de producteurs laitiers se sont invités ce 21 janvier devant les bureaux de Laita, la coopérative finistérienne de la marque Paysan Breton. En ce moment, les industriels négocient avec la grande distribution. Les éleveurs exigent des hausses de prix.
"C’est un cri de détresse que je lance, Leclerc et les autres ne sont que des rapaces, moi j’en ai marre." La voix de l’éleveur laisse percevoir tout son désarroi.
Les négociations annuelles sur le prix du lait ont débuté à l’automne, elles doivent s’achever fin février. Ce mois-ci, les 1 000 litres de lait sont payés 370 euros. Les éleveurs en demandent 450.
"Au printemps, on va mettre les cultures en terre, il y aura les graines, les engrais, le carburant pour mettre dans le tracteur à payer. Pour produire du lait, il faut de l’herbe, du maïs, des bâtiments… il faut aussi qu’on rembourse nos emprunts et qu’on gagne notre vie " plaide Alexandre Castrec, le président Jeunes agriculteurs du Finistère. "Tout flambe, sauf le prix du lait."
Guy le Bars, le président la coopérative Laïta n’est guère optimiste. "On essaye de passer des hausses, on négocie avec la grande distribution et s’il le faut, on leur a dit qu’on ne livrerait pas. Mais la grande distribution refuse pour l’instant une proposition à 400 euros."
Le lait au même prix que dans les années 80
"Ce n’est pas possible, lance un des producteurs, c’est le même prix que nos parents. On a travaillé à Noël, le matin de Noël, le soir de Noël, les dimanches… En ce moment, il y en plein d’éleveurs laitiers qui arrêtent et quand il n’y aura plus de lait, il sera trop tard, c’est maintenant qu’il faut réagir bout un autre."
Egalim en question
La loi Egalim 2 prévoit que lorsque les couts de production augmentent, les prix de vente suivent. "La loi on l’applique ou pas ?" interrogent les agriculteurs.
"Les marques distributeurs ne rentreront dans la loi Egalim que l’an prochain, en 2023" prévient le président de la coopérative.
"Une négociation, c’est un rapport de force et c’est la loi de l’offre et de la demande, là en ce moment, nos produits sont rares, il devrait y avoir des hausses" reconnait Guy Le Bars. "Sans les outils de transformation, il n’y a pas d’élevage, mais sans élevage, il n’y a pas non plus d’outils de transformation. Nous sommes tous dans le même bateau."
Les négociations s’annoncent difficiles. Les producteurs ont promis d’aller mettre un peu la pression auprès de la grande distribution.