Crise du lait, accumulation de dettes... De nombreux agriculteurs rencontrent des difficultés sur leurs exploitations. Pour éviter de sombrer, la Chambre d'agriculture de Bretagne a mis en place la cellule "Réagir". Témoignage de Christophe, un Morbihannais qui en a bénéficié.
"J'ai décidé d'en parler, pour moi et pour les autres..." L'exercice n'est pourtant pas évident pour Christophe Crénéguy. Cet éleveur laitier à Caden dans le Morbihan revient de loin.
A la tête d'un élevage laitier acheté en 2012, cet agriculteur de 46 ans a vu son monde s'effondrer. Avec la crise laitière, il s'est retrouvé, en quelques années seulement, incapable de rembourser des dettes qui ne cessaient de s'accumuler ! Jusqu'à 300.000 euros cumulés.
"Mon travail était fait, mais pas de la même façon : c'était dur de travailler, je souffrais nerveusement, moralement, physiquement... J'étais en épuisement professionnel et je ne me rendais pas compte..." Durant des mois, il cherche, seul à s'en sortir, mais se retrouve dans une spirale infernale.
"Dans la tête, on cogite, on cogite... On cherche des solutions. la moral n'est pas bon, on manque de sommeil, j'y ai pensé à me suicider..."
Christophe Crénéguy, producteur laitier
Heureusement, cet agriculteur a croisé sur son chemin des conciliateurs de la cellule "Réagir". Pendant plusieurs semaines, ensemble ils passent au crible la situation de l'exploitation et bénéficie d'une aide psychologique. Objectif : maintenir tant que possible l'exploitation en vie.
"C'est l'envie ! La mobilisation des agriculteurs, l'envie de s'en sortir, d'avancer, de continuer, d'avoir des projets qui va faire qu'on va pouvoir se mobiliser, tous ensemble, pour soutenir l'agriculteur", décrit Stéphanie Ramboasolo, conseillère conciliation à la Chambre d'agriculture de Bretagne.
"Tous les partenaires de l'exploitation qu'ils soient techniques, financiers, le centre comptable, les banques... Tous se mobilisent pour soutenir l'agriculteur"
Stéphanie Ramboasolo, conseillère conciliation à la Chambre d'agriculture de Bretagne
Christophe, lui, a dû passer par l'éprouvante étape du redressement judiciaire. Une procédure complexe également accompagnée par les conciliateurs de la Chambre d'agriculture. L'éleveur obtient l'étalement de la dette sur douze ans.
Même s'il sait que le chemin est encore long pour sortir de cette mauvaise passe, l'agriculteur a retrouvé confiance : "Il faut absolument prendre conscience que rien n'est fini, qu'il faut continuer de se battre."
Chaque année, 400 agriculteurs bénéficient de cet accompagnement Réagir...