Hubert Caouissin a été condamné à 30 ans de prison pour le quadruple meurtre de sa belle-famille en 2017 à Orvault. La cour d'assises a reconnu que son discernement était altéré au moment des faits. Il échappe ainsi à la réclusion criminelle à perpétuité, ses avocats se disent soulagés.
A l’énoncé du verdict, Hubert Caouissin et son ancienne compagne Lydie Troadec sont restés impassibles. La cour d’assises a reconnu l’altération du discernement de l’accusé au moment des faits, ce qui lui permet d’échapper à la prison à perpétuité. Il a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle. "C'est un soulagement pour nous et pour notre client", a réagi Thierry Fillion, un des avocats d'Hubert Caouissin. "La justice est passée."
Des faits abominables mais une justice rendue
"Nous avons été entendus par la cour d’assises", ajoute un autre de ses avocats, Patrick Larvor en parlant d’un résultat "juste". "On juge des faits, mais on juge aussi un homme" a t-il indiqué.
La culpabilité d'Hubert Caouissin ne faisait aucun doute. Il avait reconnu s’être introduit au domicile de son beau-frère à Orvault en Loire-Atlantique dans la nuit du 16 au 17 février 2017 et avoir tué toute la famille, Pascal et Brigitte Troadec, ainsi que leurs enfants Charlotte (18 ans) et Sébastien (20 ans) à coups de pied de biche. Puis il avait transporté les corps dans sa ferme dans le Finistère où il les avait dépecés, jetant muscles et viscères dans des ronciers pour qu'ils soient mangés par des animaux sauvages, et incinérant les os et la peau dans sa chaudière.
"On peut dire 'les faits sont trop abominables', il y a quatre morts et puisqu'il y a quatre morts, ce sera forcément la perpétuité, mais à ce moment-là, il n'y a même pas besoin de procès", avait expliqué Thierry Fillion, au sortir de sa plaidoirie. "Monsieur Caouissin ne méritait pas la réclusion criminelle à perpétuité qui était requise". L’avocat a longuement insisté sur la pathologie mentale de son client, un "délire chronique de type paranoïaque".
Un accusé en plein délire paranoïaque
C'est "la folie" qui a poussé Hubert Caouissin à se rendre à Orvault. Il était convaincu que son beau-frère avait volé des lingots d'or et spolié son épouse. Hubert Caouissin est "dans une cage mentale, dans une cage d'obsession et de délire. Il n'a pas choisi de tuer ses victimes. Il n'était pas libre, il était pris dans cette paranoïa atroce. Vous devez en tenir compte", avait-il lancé à l'intention des jurés. Et Thierry Fillion de citer les différents rapports d'expertise rendus durant l'instruction : "114 pages d'expertise, 114 pages de bobards, monsieur l'avocat général ? C'est ça que vous dites? Ce sont des bobards, des salades ?".
Dans son réquisitoire, le ministère public avait demandé aux jurés de ne "pas tenir compte" de cette pathologie au moment de rendre leur verdict. Ils ont finalement retenu l’altération du discernement. "Nous avons le sentiment d’avoir été entendus, cela laisse une vraie perspective à Hubert Caouissin, de nature à lui permettre de continuer. C’était une crainte d’avoir une peine qui coupe toute espérance", conclut Thierry Fillion.
Pas d'altération du discernement pour Lydie Troadec
Lydie Troadec, qui comparaissait libre, a été condamnée à trois ans de prison, dont deux ans ferme, pour modification de scène de crimes et recel de cadavre. Déjà détenue quatre mois pendant l'instruction, elle a été incarcérée à l'issue de l'audience.
"Le verdict montre que le scénario d’Hubert Caouissin n'a pas convaincu", a estimé Cécile de Oliveira, avocate des parties civiles. "On savait que l'altération du discernement serait retenue, compte tenu du nombre d'experts qui avait conclu ainsi. La question était de savoir si cela atténuerait beaucoup la peine" expliquait-elle à la sortie de l'audience, "on a un arrêt de raison."
Olivier Pacheu, avocat des parties civiles, a lui salué un verdict "très important" pour les familles des victimes. " Nos clients ont pu faire entrer un peu de l'humanité de leurs proches dans ce tribunal et c'est un élément fondamental pour ceux qui ont vécu cette histoire extrêmement difficile." Il souhaite qu'elles "puissent enfin essayer de tourner la page de cette histoire judiciaire".
Le parquet général et la défense ont dix jours pour faire appel du verdict.