Quand le thé de Bretagne se hisse au niveau des meilleurs crus d'Inde et de Chine

Michel Thévot est producteur de thé installé à Sibiril, dans le nord-Finistère, près de Roscoff. Passionné de botanique, il s'est lancé en 2018 dans la culture de théiers dans le jardin expérimental de son moulin de Kerouzéré. Le climat de la région, influencé par le Gulf Stream, offre des conditions idéales pour cette culture : douceur, humidité et peu de gel. Rencontre avec un amoureux de la nature.

La Houle. C'est le nom de la mini web-série que vous pouvez retrouver régulièrement sur le compte Instagram de France 3 Bretagne. Dans chaque épisode, la réalisatrice, Mégane Murgia, nous emmène à la rencontre de personnalités inspirées par le monde de la mer.

En 2005, Michel Thévot fait l'acquisition du moulin de Kerouzéré, situé sur la commune de Sibiril. À l'époque, le moulin était en ruine, laissé à l'abandon depuis plus de 50 ans. Déterminé à lui redonner vie, Michel le restaure à l’identique, lui rendant ainsi ses fonctions premières. 

Lorsqu'il commence à défricher le parc entourant le moulin, Michel, passionné de botanique, prend conscience du potentiel de ce terrain. Situé à seulement 500 mètres de la mer, ce site très abrité, loin des embruns, profite des températures douces régulées par l'influence du Gulf Stream. Alors, il se dit qu’il faut planter et planter encore.

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Jardin expérimental

Entouré de ses amis, tous passionnés de botanique comme lui, Michel Thévot s'est lancé dans une aventure collective. Ensemble, ils rapportent des essences d'arbres et de plantes des pays lointains qu'ils traversent lors de leurs voyages. Son souhait : voir si ces végétaux peuvent s'acclimater ici à Sibiril. Ce jardin expérimental n'est pas sans rappeler le célèbre Jardin des Explorateurs à Brest, non loin de là. Ce jardin abrite des plantes venues du monde entier, souvent médicinales, rapportées par les explorateurs et botanistes qui avaient embarqué à Brest lors des grandes expéditions maritimes. Le but était à l’époque de faire connaître ces espèces et de les étudier. La démarche de Michel est plus personnelle : il souhaite découvrir si ces plantes exotiques peuvent s'épanouir dans la vallée de Kerouzéré.

Un jour, une idée germe dans son esprit : voyant que le pied de théiers s’épanouissait bien chez lui, pourquoi, se dit-il, ne pas essayer de cultiver du thé qui, traditionnellement, pousse dans des régions tropicales et subtropicales. Michel se lance dans cette nouvelle expérience, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à son jardin expérimental, toujours avec cette notion de montrer que c’est possible.

Un thé finistérien, c’est possible ?

Chaque jour, plus d'un milliard de tasses de thé sont consommées dans le monde, faisant du thé la boisson la plus bue après l'eau. Apprécié non seulement pour son goût, il est également reconnu pour ses bienfaits pour la santé. Toutes les variétés de thé que l'on déguste proviennent d'une seule plante : le théier ou Camellia sinensis. Parmi les principaux producteurs, l'Inde, la Chine et le Sri Lanka se distinguent, ces trois pays fournissant environ la moitié des thés verts et noirs consommés dans le monde. Et si la Bretagne pouvait rivaliser avec ces pays ?

Michel décide d’expérimenter sur une parcelle de son terrain une première plantation de 2000 théiers en mai 2018 et trois mois plus tard les plants font déjà 20 à 30 cm. Ils s’épanouissent sans stress, car il n’y a pas d’écarts de température dans la journée. Il fait figure de pionnier du thé breton et réalise un rêve en prouvant que le Camelia sinensis peut parfaitement s’implanter en Bretagne. La première récolte est intervenue en 2019, une petite récolte parce qu'il a fait chaud, trop chaud et c’est en 2020, qu'il fait transformer ses premières récoltes. Devant ce succès, en 2022, un complément de 1000 théiers supplémentaires sont ajoutés par Michel.

Michel est le planteur, il ne s’occupe que de la plantation des théiers. Pour la cueillette, fine à la main, (on cueille un bourgeon et une ou deux feuilles), et la transformation, il travaille avec Emile Auté, dont l’entreprise est basée à Lorient. Il s'agit là d'une collaboration en circuit court, où aucun transport de matière n'est nécessaire. Les intervenants, tous passionnés par leurs métiers, partagent un engagement commun pour une production respectueuse de l'environnement. Aucun produit chimique n'est utilisé sur les plantes.

Rien à voir avec le sachet de thé en poudre industriel, ici, on sait ce qu’il y a dedans, il n’y a que de la plante, rien d’autre, pas d’additifs.

Michel Thévot

producteur de thé

Même si Michel dit qu’il faut rester prudent, cette expérimentation est une belle réussite puisque le thé blanc Emile Auté produit au printemps 2020 s’est classé troisième thé blanc au monde au prestigieux concours "les thés du monde". Un thé breton qui se hisse au niveau des meilleurs crus d'Inde et de Chine, c’est une belle récompense. Le théier breton, comme le pied de vigne, s’adapte à son territoire pour en diffuser une saveur unique.

Si Michel Tévot fait tout ça, c’est pour dire que c’est possible. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est expérimenter et observer la nature s’adapter. L’intérêt de ce parc pour lui, c'est aussi de transmettre à des générations à venir, des plantes qui ne seront pas perdues.

Grâce à ce tuto de Michel Thévot, les boutures n'auront plus aucuns secrets pour vous...👇

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