Arnaud Montebourg avait fait de la marinière d'Armor Lux le symbole du "made in France". Et pourtant, la société quimpéroise vient de perdre un marché d'importance, celui des tenues de la Police Nationale.
La police va changer de prestataire pour la confection des uniformes de ses 120.000 fonctionnaires jusqu'à présent fournis par Armor-Lux. Ils resteront toutefois made in France, selon des sources concordantes.La direction générale de la police nationale (DGPN) a annoncé ce matin qu'elle avait l'intention de "renouveler" cet important marché. De sources policières, la DGPN a "évincé" de ce marché trois candidats dont Armor-Lux, selon les termes en vigueur dans ce genre de dossier. Ils ont reçu une lettre et ont onze jours, jusqu'à samedi, pour éventuellement le contester et engager un recours devant un juge administratif, a-t-on précisé, confirmant une information du Canard Enchaîné et de Ouest France.C'est une filiale du groupe Suez qui a été retenue pour décrocher le marché, selon les sources policières, s'il n'y a "aucune contestation" et décision en ce sens du juge qui serait saisi.
Selon Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère, il s'agit d'un consortium mené par une filiale de GDF Suez, Ineo Support Global, avec deux entreprises de textile spécialisées dans la confection d'uniformes, La Calaisienne et Balsan, dont les usines sont installées dans le Pas-de-Calais et en Isère. Ce dernier, proche du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, a dénoncé une "décision affligeante" dont il s'est entretenu il y a "une dizaine de jours" avec le Directeur général de la police nationale Claude Baland: "Je lui ai vertement exprimé mon désaccord."
De son côté, la direction générale a indiqué dans un communiqué que ce renouvellement se faisait "dans le strict respect du code des marchés publics" garantissant "l'égalité de traitement entre les candidats".
Jean-Jacques Urvoas a regretté la "fragilisation" d 'Armor-Lux, PME quimpéroise apparue en pleine lumière quand le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait posé fin 2012 dans sa célèbre marinière pour défendre le "fabriqué en France". "On ne perd pas sans qu'il y ait de conséquence un budget de 23 millions d'euros sur cinq ans. Sur ce marché, il y a 70 personnes", a relevé le député.
Toutes les entreprises candidates à ce marché sont françaises, précise la DGPN sans citer de nom. "D'un côté, on a une PME localisée, dédiée au textile, enracinée dans la tradition, et de l'autre on a Suez avec une filiale dont ce n'est même pas le métier de base", a regretté M. Urvoas.