Le Bagad Kemper fête ses 70 ans de travail et de création

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Les sonneurs du Bagad Kemper ont fait le show pendant une heure et demie hier soir au Pavillon de Quimper pour le festival de Cornouaille. Retour sur 70 ans d’histoire et de bons souvenirs musicaux de ce bagad, considéré comme l’un des meilleurs de Bretagne.
 

Le bagad de Quimper naît en 1949, sous le nom de Kevrenn c’hlazik. Les bagadoù de Rostronen et Quimperlé voient le jour, presqu’en même temps. L’année précédente, le tout premier bagad s’est lui aussi formé avec les cheminots de Carhaix, sur le modèle des pipes bands écossais.
 

Une bête de concours

Raymond Plouzennec et Jacques Corbin, talabardeurs – ou sonneurs de bombarde – ont intégré le Bagad Kemper en 1959 et 1962. "A l’époque, pour les gens de notre génération, faire partie d’un Bagad, c’était quasiment marginal", se souvient Jacques Corbin.

Très rapidement, les premiers bagadoù participent à des concours, comme les formations écossaises outre-manche. "Ce sont les concours qui ont fait de nous ce que l’on est aujourd’hui", explique Raymond Plouzennec. "C’est vrai que le niveau musical n’aurait pas été celui qu’il est aujourd’hui", abonde Jacques Corbin. "Avec les concours il y une émulation, donc du travail et donc une progression", poursuit-il.
 

Et ce travail a payé, plusieurs fois. Avec 22 titres de champion de Bretagne, le Bagad Kemper détient un record, qu’il compte battre encore une fois cet été, à la finale du championnat des bagadoù de Lorient début août. Comme chaque année, à la veille du festival interceltique de Lorient, le bagad va répéter pendant une semaine, tous les jours, de 10h à 22h, dans son domaine de Saint-Evarzec.

Un rêve de gosse

Le but de ces stages est évidemment d’arriver au meilleur niveau possible pour le concours, mais aussi de resserrer les liens parmi les sonneurs. "Ce sont des moments où l’on vit ensemble, on devient plus que des collègues sur scène, on est amis", raconte Céline Poupon, talabardeuse au bagad depuis 2001. "On se connaît presque par cœur. Ces stages permettent de forger un esprit d’équipe et une cohésion, ce qui est important pour les concours", détaille-t-elle. Pour la musicienne, comme pour d'autres sonneurs de la formation, faire partie du Bagad Kemper était "un rêve de gosse".

Pour un sonneur, vouloir jouer au Bagad Kemper, c’est comme vouloir jouer au PSG quand on est footballeur

Selon Eric Hénaff, sonneur de cornemuse au Bagad Kemper depuis 1982, "il n’y a pas de droit d’entrée au bagad Kemper ". "Ce sont les aptitudes musicales et le travail" qui permettent d’intégrer la formation. Les musiciens ne viennent pas que de l’école de musique du Bagad Kemper. Beaucoup ont d’abord évolué au sein d’autres bagadoù avant de rejoindre la prestigieuse formation. Pour Eric Hénaff, le jeu en vaut la chandelle : "Les voyages au Gabon, en Chine,… Les mélanges de cultures". Les années qu'il a passées au bagad ont été très riches humainement et culturellement. Le Bagad s’est produit dans plus d’une dizaine de pays à travers le monde. Dernier voyage en date, Valladolid, en Espagne.

Des créations ouvertes sur le monde

Car "il n’y a pas que le concours dans la vie", nous explique Steven Bodénés, penn-soner – chef d’orchestre – du Bagad Kemper depuis 10 ans. "Les concours c’est stimulant, ça fait progresser, ça permet de se confronter à d’autres groupes mais les créations et les rencontres d’autres artistes, ça c’est plus fort", confie-t-il.

Steven Bodénés s’estime chanceux d’avoir pu jouer avec des grands noms de la scène bretonne et internationale : "Le spectacle de l’Héritage des Celtes par exemple… Quand t’as 18 ans et que tu fais quinze jours de tournée avec Dan ar Braz ça te marque", se souvient-il. "Johnny Clegg aussi, aux Vieilles Charrues et la tournée en Bretagne… Et toutes les autres créations : Sud ar Su, Azeliz Iza, Breizh Balkanik… " Le bagad Kemper a été pionnier en matière de créations et de collaborations avec des artistes d’univers musicaux différents. Nous vous proposons un retour en images sur son parcours dans le reportage ci-dessous.


Pour Jacques Corbin, plus que les titres de champion, ce sont les créations originales qui ont fait la renommée du Bagad Kemper. Les collaborations avec des artistes comme Johnny Clegg, Carlos Núñez ou Dan Ar Braz ont été "une reconnaissance de la musique de bagad par le milieu musical professionnel". Ces spectacles ont permis aux sonneurs de se produire devant des publics nombreux, en dehors des fêtes traditionnelles. Pour Jacques Corbin, ces événements ont aussi fait mieux connaître la culture bretonne.

Ce sont ces 70 années de travail qu’ont voulu fêté les musiciens devant une salle comble hier soir, au pavillon de Quimper. Avec des invités de marque : les chanteuses Marthe Vassalo et Rozenn Talec, les musiciens Dan Ar Braz, Jean-Pierre Riou du groupe Red Cardell et bien d’autres encore. Un spectacle d'une heure et demie, fort en émotion.
  L’année 2019 va encore être chargée pour le Bagad Kemper. Entre le championnat des bagadoù en août, une nouvelle création avec Red Cardell et un album en préparation, les musiciens ne sont pas prêts de lever le pied.


 
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