Élections législatives 2024. Dans la 8e circonscription du Finistère, la gauche désunie et le RN aux aguets

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La ville close à Concarneau - photo d'illustration
Le reportage de Claire Louet et Stéphane Soviller ©France 3 Bretagne

Cinq candidats se présentent aux élections législatives, ce 30 juin 2024, dans la 8e circonscription du Finistère. Il y a bien sûr le député sortant de la majorité présidentielle qui brigue un troisième mandat mais aussi, cas unique dans le département, trois candidats à gauche. Cette division pourrait ouvrir un boulevard au RN arrivé en tête ici aux élections européennes.

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Historiquement de sensibilité socialiste, la 8e circonscription du Finistère, celle de Concarneau-Quimperlé, a basculé en 2017 dans le giron macroniste avec l'élection du député Erwan Balanant. Or, le résultat des élections européennes du 9 juin 2024 est venu rebattre les cartes, plaçant le Rassemblement national en tête avec 28 % des voix.

De quoi donner des ailes à Christian Pérez, candidat RN aux législatives 2024. L'homme de 73 ans s'est installé à Concarneau une fois à la retraite. Il n'en est pas à sa première campagne électorale dans le Finistère : il fut candidat aux municipales dans sa commune en 2020 (6,7 %), à l'élection départementale en 2021 (19,79 %) ainsi qu'aux législatives de 2022 (16,12 %). Celui qui milite à l'extrême droite depuis quarante ans a gagné des voix, notamment chez les pêcheurs, les agriculteurs et auprès des classes populaires.

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La gauche en ordre dispersé

Christian Pérez s'attend à arriver en tête à l'issue du premier tour ce 30 juin. "Je ne dis pas cela pour une démarche d'ego, affirme cet ancien élu Front national à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine. Logiquement, cela va se terminer par un second tour soit entre le député sortant et moi, soit par une triangulaire entre le député sortant, le candidat du PS et moi, ce qui serait un cas de figure magique pour nous".

Il se réjouit de voir que la gauche n'est pas parvenue à s'unir dans cette circonscription puisque d'un côté, le Nouveau Front populaire (NFP) aligne un candidat, Thomas Le Bon, et de l'autre, Sébastien Miossec se présente en dissident du Parti socialiste. Ce dernier, qui est maire de Riec-sur-Bélon, avait pourtant opté pour le désistement face au candidat de l'ex-NUPES en 2022.

Cette fois, il n'a pas cédé. "On a tiré les leçons de 2022, justifie-t-il. Le candidat Insoumis a fait ici, au 2e tour, le plus mauvais score de la gauche depuis 1968. Il y a eu les Européennes, on a assisté également à des dissensions à gauche sur des points fondamentaux. Je veux que ma candidature parle à plus d'électeurs avec une capacité de gagner au second tour".

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"La menace vient du RN, pas de LFI"

Thomas Le Bon n'est pas dupe. "La stratégie, c'est de m'enfermer dans La France Insoumise, dit-il. Et de dire qu'à ce titre, je suis quelqu'un d'infréquentable". Ce professeur de philosophie de 39 ans, conseiller municipal d'opposition à Concarneau et originaire de Saint-Yvi, bat en brèche cette idée. "Qui peut croire aujourd'hui que la menace vient de LFI ?, interroge-t-il. La menace, elle vient de la possibilité de voir le RN prendre la majorité absolue au Parlement. Il faut faire preuve de responsabilité. Il n'y a qu'une digue, c'est la gauche unie et je suis le candidat de cette gauche unie".

Lutte Ouvrière (LO) part également en solo. Anne Morel n'y croit pas à cette union de la gauche. "On a déjà vu des alliances de gauche et cela s'est traduit par des déceptions, des trahisons pour les travailleurs, relève la candidate LO aux législatives. On sera les seuls à dire dans cette campagne que le rapport de force ne s'inversera pas en votant". Et de citer la grève générale de 1936 "avec occupation d'usines".

"Majorité humaniste"

Erwan Balanant, le député Modem sortant, semble prendre ses distances avec le camp présidentiel. Et revendique d'abord son étiquette démocrate. "Le sujet de cette élection, ce n'est pas de donner une majorité à un président, assure-t-il. Le sujet de cette élection, c'est de dégager une majorité humaniste, de justice sociale qui va aider les entreprises à continuer à se développer et qui va permettre de repousser le RN. Pour cela, il faudra que cela aille des sociaux-démocrates aux gens de la droite modérée. Il est là, l'enjeu".

La 8e circonscription du Finistère, territoire à la fois littoral et rural qui compte 107.000 habitants avec près de 30 % d'ouvriers, 23 % de résidences secondaires ou de logements vacants, sera scrutée de près au soir du premier tour des législatives. L'impossible union à gauche ouvre un boulevard à l'extrême droite et pourrait également profiter au député sortant qui brigue un troisième mandat.

Les candidats aux élections législatives de la 8e circonscription du Finistère :

  • Thomas Le Bon (Nouveau Front populaire)
  • Sébastien Miossec (dissident Parti socialiste)
  • Anne Morel (Lutte ouvrière)
  • Erwan Balanant (Ensemble, député Modem sortant)
  • Christian Pérez (Rassemblement national)

(Avec Claire Louet)

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