Touchée par des difficultés financières, l'organisation du festival de Cornouaille de Quimper a dû réduire son budget sur différents postes pour cette édition 2024. La suppression du traditionnel repas offert aux sonneurs et danseurs amateurs lors du défilé de dimanche fait polémique, tout autant que la justification avancée du "gaspillage alimentaire".
La 101e édition du festival de Cornouaille, mettant à l'honneur la danse et la musique traditionnelle bretonne, a débuté ce jeudi 18 juillet à Quimper, dans un climat plus crispé que les années précédentes.
Après un centenaire bien célébré en 2023, la nouvelle présidence de l'événement fait face à des difficultés financières qui ont impacté le programme de l'édition 2024 : moins de concerts, aucune tête d'affiche nationale et des tarifs plus élevés pour les pass afin de combler petit à petit les 100 000€ de déficit de l'association.
Mais c'est surtout la suppression, cette année, du traditionnel repas offert aux sonneurs et aux danseurs amateurs programmés pour le grand défilé du dimanche 21 juillet qui suscitent le plus de reproches du côté des artistes. À la place, une indemnité de 7 euros est proposée aux artistes.
"60% de la nourriture partait à la poubelle"
Interrogé au micro de France Bleu Breizh Izel, le directeur du Festival de Cornouaille justifiait cette décision en avançant des raisons économiques, logistiques et de lutte contre le gaspillage alimentaire.
"Il faut savoir que 60% de la nourriture partait à la poubelle tous les ans. Soit parce que les groupes ne veulent pas manger chaud, soit parce qu'ils n'ont pas le temps, soit parce qu'ils ne veulent pas de dessert, etc. Cette nourriture, prévue le dimanche au dernier jour du festival, ne pouvait être réaffectée nulle part et il y en avait aussi un peu marre" indiquait Igor Gardes sur l'antenne de France Bleu Breizh Izel.
"Une faute grave"
Les déclarations du directeur du Festival de Cornouaille ont "profondément choqué" les bagadou quimpérois. Dans un communiqué, le Bagad Kemper, le Bagad Penhars, le Bagad Ar Meilhoù Glaz, le Bagad Ergué-Armel, le Bagad Ar Re Goz et le Bagad An Erge Vras ont affirmé : "faire porter la problématique de la restauration sur les groupes est une faute grave, qui plus lorsqu'il les accuse de gaspillage alimentaire".
Dans leur réponse écrite, les artistes quimpérois affirment que "les 60% de nourriture qui partent à la poubelle" évoqués, sont "un chiffre sans fondement. Il nous est demandé, bien en amont du festival d'établir un décompte du nombre de repas souhaités. Nos musiciens sont donc sensibilisés à cette problématique d'autant plus que le contrat stipule que si l'effectif constaté ne correspond pas à celui annoncé, des pénalités financières seront appliquées au prorata de l'effectif absent".
Les bagadou défileront malgré tout
Visiblement très affectés par les déclarations de l'organisation, les bagadou ont aussi tenu à préciser qu'il "ne faut pas se tromper de cible : des erreurs de gestion ont été faites et les groupes se produisent le dimanche sont les premiers à en subir les conséquences avec des conditions d'accueil qui se dégradent d'année en année".
Si les relations entre l'organisation et les artistes bretons amateurs apparaissent tumultueuses, les bagadous ont malgré tout fait savoir qu'ils défileront "une nouvelle fois fièrement dans les rues de Quimper, par respect envers le public qui attend cet événement avec impatience et par respect pour les nombreux bénévoles qui donnent de leur temps pour faire en sorte que cette journée soit une réussite".