Depuis deux ans, d'importantes fuites ont été constatées sur le réseau d'eau potable de l'île de Sein, dans le Finistère. Pourtant, selon un audit réalisé par Véolia, l'installation est en état de marche. Le maire vient donc de porter plainte contre X car ces fuites, tout aussi mystérieuses que pénalisantes pour les Sénans, auraient pour origine une intervention humaine.
Que se passe-t-il sur le réseau d'eau potable de l'île de Sein qui connaît, depuis deux ans, des fuites importantes au point d'enregistrer une perte de 50m3 par jour ? "Alors que d'ordinaire en hiver, la consommation pour l'ensemble des habitants oscille entre 25 et 30 m3, précise le maire Didier Fouquet. Là on ne parle pas d'un robinet qui coule et que l'on aurait oublier de fermer. On parle d'eau qui se volatilise, comme ça".
L'élu a tout d'abord pensé à une usure des installations "vieilles d'une quarantaine d'années". Un audit, mené par un technicien de Veolia, a donc eu lieu les 1er et 2 février derniers. Les compteurs individuels ont également été vérifiés. "Aucun n'indique une surconsommation, explique Didier Fouquet. Le technicien, quant à lui, nous a dit que le réseau ne fuyait pas. Il en a conclu que ces fuites à répétition ne pouvaient être que volontaires et provoquées par une action humaine".
Volonté de nuire ?
Le mystère s'épaissit tant et si bien que le maire de l'île de Sein vient de porter plainte contre X auprès de la gendarmerie d'Audierne. D'autant que depuis cet audit, "bizarrement, tout est revenu à la normale, constate-t-il. Ça s'est su que le gars de Veolia allait vérifier le réseau, tout se sait ici. Je ne crois pas au hasard ni aux fuites qui se réparent toutes seules" ironise-t-il.
Sabotage ? Volonté de nuire ? Didier Fouquet a beau retourner les questions dans sa tête, il ne comprend pas. Et les 150 habitants qui résident sur l'île à l'année non plus. "Ça nous énerve de savoir que quelqu'un a l'esprit assez tordu pour faire ce genre de choses, dit-il. C'est mesquin et très méchant".
Le maire précise encore que "ce 'quelqu'un' aurait ouvert le circuit en amont, entre le lieu de production d'eau et le compteur des habitants. Ni vu ni connu" s'agace-t-il. Avec pas mal de conséquences pour les Sénans qui, régulièrement, ont été privés d'eau potable. "Nous avons été obligés de mettre des restrictions en place depuis deux ans, relate Didier Fouquet. Il est arrivé que l'on coupe l'eau entre 23 h et 6h et que l'on prenne parfois des mesures plus drastiques en ne laissant l'eau au robinet que de 11h à 13 h et le soir au moment du repas".
"Ça a un coût, toute cette affaire !"
Sur cette île finistérienne, qui n'est pas raccordée au continent, l'eau que l'on boit provient de la mer. Elle est rendue potable grâce à deux osmoseurs qui assurent sa désalinisation. "La ressource est un bien précieux que personne ici n'aurait l'idée de gaspiller" assure Didier Fouquet.
Le m3 est facturé 7,55 euros aux habitants, "c'est quatre fois plus cher qu'ailleurs" relève le maire qui rappelle également que la commune subventionne une bonne partie de la production et de la distribution d'eau.
"Depuis deux ans, on a fait fonctionner l'osmoseur deux fois plus car on a pompé davantage d'eau de mer pour compenser les pertes et subvenir aux besoins des gens, souligne l'édile. La membrane de l'osmoseur s'est donc encrassée plus vite, on a dû la remplacer. 28.000 euros ! Ça a un coût, toute cette affaire".
