Sur les quais de l’Odet à Quimper, la maison natale de Max Jacob est la seule dans le Finistère à avoir le label Maison des Illustres. Une distinction créée par le ministère de la Culture qui impose 40 jours d’ouverture au public par an.
La bâtisse située au 8 du parc, était en ruine quand Eric et Geneviève Pérénnou l’ont achetée en 2007. Planchers, toitures, peintures… Cinq ans ont été nécessaires pour rénover l’ensemble, avec l’obligation de conserver tout ce qui pouvait l’être, c’est-à-dire pas grand-chose. La maison avait été pillée pendant la guerre après l’arrestation de la famille par la Gestapo.
Venus pour les pierres, les propriétaires se plaisent à dire qu’ils y sont restés pour l’histoire. L’ensemble abrite les appartements des Jacob et au fond de la cour, l’ancien atelier de tailleur du grand-père de Max Jacob devenu un restaurant. C’est aussi un lieu d’exposition, de conférence ou de poésie puisque l’association des Amis de Max Jacob s’y retrouve chaque mois.
Une enfance heureuse sur les bords de l'Odet
Né en 1876, Max Jacob a grandi face à la rivière de l’Odet et apprend beaucoup au contact des tailleurs. L’atelier du grand-père puis du père Jacob est réputé et les commandes sont nombreuses. À travers les costumes brodés, il découvre les légendes bretonnes. Une enfance heureuse qu’il passe le nez dans les livres.Le souvenir de Quimper toujours présent
Après une scolarité brillante, le jeune homme s’installe à Paris où il devient une figure de la culture d’avant-garde à Montmartre et Montparnasse, précurseur du mouvement Dada et surréaliste. Plus tard, il choisira de vivre à Saint-Benoît-sur-Loire. Même loin, il continue d’écrire sur sa ville natale. Dans le Cornet à Dés, il se moque des bourgeois de Quimper, évoque les marronniers sur les quais, la préfecture, le Mont Frugy.Il y revient régulièrement, avec ses amis artistes qu’il côtoie dans la capitale, notamment Cocteau, Dior, Picasso ou encore Charles Trenet. En 1951, ce dernier compose l’âme des poètes, en hommage à son ami juif, mort dans le camp de Drancy en 1944. Max Jacob fut aussi l’ami de Jean Moulin, sous-préfet de Châteaulin et grand résistant, torturé et décédé un an plus tôt lors de son transfert vers l’Allemagne.
Jean Tuset, son filleul, se souvient du dernier voyage de Max Jacob à Quimper. C’était en avril 1942. C’était la première fois que Jean, qui n’avait qu’une dizaine d'années à l’époque, voyait une étoile jaune. Max Jacob la portait sur son grand pardessus. Le poète écrivain pleurait en pensant à sa jeune sœur déportée, inquiet à l’idée qu’elle ne supporte pas l’épreuve. Avec son père, Augustin Tuset, Jean a accompagné Max Jacob sur les bords de l’Odet, osant s’afficher ouvertement et publiquement avec un juif, alors que les soldats allemands, étaient dans la ville. Les Quimpérois ne l’ont plus jamais revu.
Six mois avant la libération de Paris, Max Jacob, juif et catholique converti, est arrêté et interné au camp de Drancy. Épuisé et malade, il y meurt en cinq jours, avant son transfert pour Auschwitz, malgré l’intervention de ses amis Picasso et Cocteau.