Quimper : des boites aux lettres pour libérer la parole des enfants maltraités

Face à la difficulté de recueillir la parole de jeunes victimes de viol ou d'agression, l'association Les Papillons installe des boîtes aux lettres, dans lesquelles les enfants peuvent laisser leur témoignage. Quimper est la première grande ville de France à accueillir ces boîtes.

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Ecrire ou dessiner pour se faire entendre. Laurent Boyet, le président de l’association Les Papillons, sait de quoi il parle. Entre ses 6 et 9 ans, il a été violé par son frère. Pour lui, impossible d’en parler autour de soi. "J’espérais de l’aide dans mon école, dans mon club de sport. Je n’arrivais pas à dire ce que mon frère me faisait subir mais j'étais en capacité d’écrire, d’expliquer le mal qu’on me faisait dans mon journal intime", confie Laurent Boyet, qui est resté trente ans dans le silence. 

En partant de sa propre expérience, il a eu l’idée d’installer des boîtes aux lettres dans les écoles et complexes sportifs…pour libérer la parole. 165 000 enfants sont victimes de viol ou d’agressions sexuelles en France selon l'association Les Papillons.
 


Deux écoles Diwan à Quimper et onze gymnases de la ville en possèdent désormais une. 


"Si tu ne peux le dire, tu peux l’écrire ou le dessiner


L’association Les Papillons se déplace dans les classes de primaires pour sensibiliser aux différentes violences. Lors des visites, les bénévoles diffusent une vidéo de présentation. Un jeu de question/réponse avec les enfants s’ensuit. "Certains se demandent si la fessée est interdite, si les élèves peuvent mettre un mot dans la boite pour un copain ou pour leur frère", confie Mickaël Lamouche, bénévole de l'association et victime d’une agression lorsqu’il était adolescent.  

Les élèves de l’école Diwan à Quimper sont attentifs, à l’image d’Andy, 8 ans : "Si quelqu’un nous touche quelque part, si on nous pousse ou on nous mord, on peut l'écrire, si on ne peut pas le dire". 
 

Il y a des agressions sexuelles, des moqueries. Ça, ce n’est vraiment pas bien.

Lizig, 9 ans



Avec leur professeur et directeur d’établissement, les enfants choisissent un lieu pour installer la boîte "où ils se sentent à l’aise, à l’abri des regards, près des toilettes par exemple", explique Mickaël Lamouche, bénévole de l’association.

Tout enfant peut déposer son témoignage en laissant son nom et son prénom. "Ça peut aider parce qu’il y a des gens qui ne veulent pas le dire aux parents ou aux copains”, confie Anouk, 9 ans.
 

Le courrier directement envoyé à l'association 


Les petits mots seront ensuite transmis à l’association les Papillons. “Tous les jours, le directeur d’établissement s’assure de la présence de courrier ou pas. Quand il y a un courrier, il le renvoie aux bureaux de l’association par mail", explique Laurent Boyet.

Selon les faits, plus ou moins graves, "du divorce des parents, d’une dispute… aux viols", l’association établit une fiche d’information auprès de la cellule de recueil, traitement et évaluation des informations (CRIP) et du département concerné.

Si les faits peuvent être résolus au sein même de l’établissement, l’association se charge de renvoyer le courrier aux référents de l’école pour qu’une solution puisse être trouvée en interne.


Objectif : déployer un maximum de boites aux lettres


Pour les adolescents qui souhaiteraient bénéficier de ce moyen d’expression, une boite aux lettres virtuelle a été créée. Ils peuvent témoigner de toutes formes de maltraitance. 

A l’avenir, l’association espère mobiliser davantage d’académies en France et en Bretagne. Les bénévoles aimeraient qu’un jour, toutes les écoles et établissement sportifs aient leur boite aux lettres.  
 
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