Violences conjugales : nouveaux dispositifs d'alerte face à la hausse des signalements

Un homme de 50 ans a été condamné hier par le tribunal de Quimper à deux ans de prison ferme, après avoir battu violemment sa compagne dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette dernière avait donné l'alerte dans une pharmacie. Depuis le début du confinement, les violences conjugales sont en hausse.

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Il est midi, ce 27 mars, quand une femme d'une cinquantaine d'années, le visage tuméfié, trouve refuge dans une pharmacie de Concarneau, dans le Finistère.  Elle est en larmes et explique que son conjoint la frappe depuis la veille au soir. Celui-ci est immédiatement interpellé et placé en garde à vue par la police concarnoise.


"Plusieurs fois condamné"


L'homme est ensuite déféré au parquet de Quimper qui décide de sa détention à la maison d'arrêt de Brest. C'est d'ailleurs depuis la prison qu'il a été jugé en comparution immédiate et condamné à deux ans de prison ferme. 

"C'est un homme archi-connu de nos services, note le procureur Thierry Lescouarc'h. Son casier judiciaire montre qu'il a été plusieurs fois poursuivi pour des faits de violences. Notamment en janvier dernier". Le procureur explique que ce dossier est "un cas emblématique d'individus hyper violents, en récidive, et qui persistent dans leur comportement"

"Il a battu sa compagne comme plâtre, précise Thierry Lescouarc'h, il l'a frappée au visage. Elle a tenté de se défendre, l'a supplié d'arrêter, lui a dit qu'elle allait appeler la police. Il l'a plaquée au sol, lui a serré la gorge et l'a menacée de mort"


"Le confinement ne peut qu'aggraver les situations"


Un autre dossier de violences conjugales est arrivé sur le bureau du procureur de Quimper en ce début de semaine : celui d'un jeune homme de 28 ans arrêté à Rosporden pour avoir battu sa conjointe. "C'est la mère de la victime qui a alerté les gendarmes, indique le procureur. Il a été placé sous contrôle judiciaire et sera jugé en septembre"

"Les violences conjugales, indique Thierry Lescouarc'h, c'est notre quotidien. On défère et on poursuit tous les jours. Il est clair que le confinement ne peut qu'aggraver des situations".


Les pharmacies en alerte


Pour protéger ces femmes, enfermées 24h sur 24 avec celui qui les violente, de nouveaux dispositifs d'alerte ont été ajoutés à ceux qui existent déjà. A commencer par les pharmacies où les victimes peuvent désormais demander de l'aide. Il suffit de prononcer un seul mot-code, Masque 19, pour que le pharmacien appelle les forces de l'ordre.

Le 114, d'ordinaire réservé aux victimes sourdes et malentendantes, est également mis à disposition. Une femme en danger peut envoyer un sms à ce numéro pour déclencher l'alerte.

Reste que beaucoup de femmes ne peuvent pas sortir de chez elles ou téléphoner car, comme le rappelle Pascal Pignol, psychologue à Rennes et consultant en victimologie, "en plus des violences subies, c'est tout un mécanisme d'emprise et de contrôle de l'autre qui existe. Et cela peut aller jusqu'à la séquestration".

 



Appeler à l'aide grâce à une appli mobile


Alors l'association nantaise Resonantes a imaginé un mode d'alerte plus discret : une application baptisée App-Elles. "Elle est 100% gratuite, 100 % privée et 100 % solidaire," précise l'association sur son site. Elle s'adresse non seulement aux victimes - qui peuvent alerter des "contacts de confiance" et être géolocalisées - mais aussi aux proches et témoins de ces violences.
 
Depuis le début du confinement, les violences conjugales sont en hausse. "32 % de signalements en plus en zone gendarmerie et 36 % en zone police" constate Marlène Schiappa.

La secrétaire d'Etat à l'égalite femmes-hommes annonce également l'ouverture de points d'accueil et d'accompagnement devant les supermarchés où les victimes de violences pourront échanger avec des associations locales. En Bretagne, ce dispositif sera tout d'abord expérimenté à Rennes.



 
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