Des éleveurs bovins ont aspergé avec un extincteur et de la farine le stand de Charal, marque du groupe breton Bigard numéro un de l'abattage en France, pour dénoncer sa politique de prix, dimanche au Salon de l'Agriculture.
"Quand Bigard prend 100 euros il y a en 8 pour le producteur" ont expliqué au public les éleveurs en tee-shirt rouge marqués "Notre métier a un prix", tout en distribuant de faux billets de 100 euros.
Quand vous payez la viande entre 17 et 20 euros le kilos, sachez qu'on nous la paye à nous 2,50 à 3 euros
C'est le commentaire au mégaphone de Pierre Vaugarny, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB), qui appelait à la manifestation avec le soutien de la FNSEA - représentée par son secrétaire général Dominique Barrau. Pendant ce temps, un groupe d'éleveurs aspergeait derrière lui le stand de Charal avec un extincteur et dispersait une trentaine de kilos de farine. La consigne était d'éviter toute violence après l'accueil houleux réservé la veille au président François Hollande et le démontage du stand du ministère de l'Agriculture.
La direction de Charal réagit
"Charal regrette les actes de vandalisme subis sur son stand au salon de l'agriculture", a réagi l'entreprise, dans un communiqué, affirmant "comprend(re) les difficultés des éleveurs bovins qui relèvent des causes structurelles et conjoncturelles pour lesquelles les réponses ne peuvent être que concertées et collectives". "Acteur important de la filière bovine française, Charal s'approvisionne depuis toujours au coeur des bassins d'élevage français. En tant qu''acteur responsable, Charal a apporté et continuera à apporter toute sa contribution pour défendre la filière bovine française", a fait valoir le groupe, rappelant que 100% de ses hachés, pièces de viande et burgers sont français.Un patron très discret
Pour Pierre Vaugarny, l'objectif de cette brève manifestation était d'attirer l'attention du public sur la toute-puissance du groupe Bigard, qui totalise la moitié des capacités d'abattage en France et refuse tout dialogue avec la profession. "Même quand le ministre le convoque, M. Bigard refuse de venir s'expliquer", a-t-il déploré. Ce fut effectivement le cas en octobre dernier quand Jean-Paul Bigard, le discret patron du groupe avait boycotté une réunion de crise sur la filière bovine, organisée par Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, comme le rappelle capital.fr.Le groupe Bigard en quelques chiffres
Le groupe abat 40% des bovins français (30.000 têtes de bétail par semaine) et aussi 20% des porcs.Avec 14.000 salariés, un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et des bénéfices de 30 millions d'euros selon les derniers comptes publiés, en 2013, l'entreprise est l'une des rares à encore bien se porter dans la branche.
Le principal site de Bigard est à Quimperlé, fief historique du groupe, qui emploie plus de 1 200 personnes.