Après l'annonce officielle du plan de sortie de flotte lié au Brexit, l'armement finistérien "La Houle" de Saint Guénolé Penmarch a décidé d'envoyer trois de ses quatre bateaux à la casse. Mais pour faire face à la conjoncture, son patron a fait le choix d'investir dans un nouveau chalutier plus moderne, qui ira pêcher dans une partie des eaux irlandaises. Une nouvelle stratégie et un pari sur l'avenir.
Le plan de casse des bateaux de pêche français se dessine avec l'annonce hier vendredi 17 février du secrétariat à la mer concernant les 164 demandes déposées pour des navires privés d'accès aux eaux britanniques après le Brexit. 90 dossiers ont été retenus : ces bateaux, qui pourront aller à la casse
contre indemnisation, représentent 3% de la flotte française des régions concernées par le plan d'aide.
La Bretagne, qui compte le plus de bateaux, est la région qui va en perdre le plus (45 bateaux seront détruits, soit 4% de sa flotte).
Armement "La Houle" :Un nouveau chalutier et trois bateaux à la casse
Sur le port de Saint-Guénolé Penmarch, Jacques Pichon, directeur de l'armement "La Houle" est concerné. Sur quatre bateaux éligibles au plan de sortie de flotte, trois de ses unités partent à la casse. Mais il a décidé de ne pas sombrer et de parier sur l'avenir. Il a réceptionné cette semaine son dernier bateau, l'Astrid, un an tout juste après le Danny Finn, un chalutier similaire. L'Astrid est un navire de pêche d'occasion venu de Norvège, un chalutier de 24 mètres, très récent, d'un montant de 5 millions d'euros. Avant d'être bloqué durant 5 ans dans ses investissements par le plan de casse, le patron a fait le choix d'investir pour survivre.
Après le plan de casse, investir dans un nouveau bateau, c'est indispensable pour survivre. Tout comme il fallait qu'on se sépare de bateaux qui étaient conçus pour travailler dans les eaux britanniques et qui sont désormais confrontés à des contraintes innatendues il a encore 4 ou 5 ans.
Jacques Pichon, directeur de l'armement "La Houle"
Tous les équipages vont être repris. Celui de l'Ar Voualeden embarquera sur l'Astrid. Le patron se félicite de ce nouvel outil plus performant, plus économe en carburant et plus confortable qui pêchera la langoustine dans l'ouest Irlande sur le banc de Porcupine. Les langoustines congelées partiront en Espagne à un prix moyen de 16 euros le kilo, fixé à l'année, contrairement aux ventes sous criées : c'est le pari du projet.
Partir en mer avec l'incertitude du chiffre d'affaires qu'on va réaliser, sans savoir si du jour au lendemain, on ne va pas perdre 20 % du prix moyen du poisson, ce n'est plus acceptable.
Jacques Pichon, directeur de l'armement "La Houle"
L'Astrid s'apprête à quitter St Guénolé pour mettre cap sur l'Irlande pour sa 1ʳᵉ marée dès ce week-end. Un pari sur l'avenir !