La hausse du prix du carburant frappe de plein fouet le monde de la pêche, déjà mis à mal par les coûts d'entretien des bateaux et un cours du poisson au plus bas. Alors des solutions sont envisagées, comme le recours à l'hydrogène, une énergie décarbonée.
L'hydrogène serait-il la réponse à la flambée des prix du carburant pour les professionnels de la pêche ? C'est en tout cas ce que défendent les acteurs du projet "PILOTHY", dont les premiers résultats ont été partagés vendredi 29 septembre au Guilvinec, dans le Finistère.
Projet PILOTHY
« Pilothy », un nom moins mystérieux qu'il n'y paraît. En breton, « Pilou Loskant treuzkem hydrogen » signifie « pile à combustible et transition hydrogène ».
Ce nouveau mode d'énergie permettrait aux marins pêcheurs de trouver une alternative au gazole, dont les prix ne cessent de grimper.
L'anita conti, chalutier du Guilvinec dans le Finistère a servi de modèle à l'étude menée par l'inter-profession du port de Concarneau.
Et les premiers résultats sont encourageants : les piles à combustile pourraient couvrir 15% de l'énergie de bord et des engins de pêche.
Une solution décarbonée... mais coûteuse
Une énergie plus "propre" et un pas vers moins de dépendance aux produits pétroliers : le projet est vertueux. Mais coûteux.
L'investissement est de taille. Le coût de la transformation du navire représente la moitié du prix d'un bateau neuf, et celui de l'hydrogène est également très élevé, avec un prix de 20€ le kilo.
Pour les acteurs du projet, il est toutefois essentiel de se poser d'ores et déjà ces questions, et d'obtenir le soutien de l'Etat et de financeurs privés ou publics pour transformer l'essai.
Ça n'est aujourd'hui pas la première réponse mais ça le sera à un moment donné face à la raréfaction du gazole et à la nécessité pour nous de décarboner nos industries et notre pêche.
Jean-François Ansquer Directeur Coprexma - pilote de l'étude Pilothy
... et qui prend de la place
Au delà de la chasse aux subventions, la région Bretagne qui finance l'étude à hauteur de 87 000€ devra aussi faire un gros travail de lobbying pour faire sauter le verrou réglementaire à Bruxelles.
Pour embarquer des bouteilles d'hydrogène dans les cales, la jauge du bateau devra gonfler de 15 à 20%.
Il faut pouvoir agrandir le bateau, sa jauge, tout en valorisant le fait que c'est pour une question de transition énergétique, d'économie d'énergie et non pour augmenter l'effort de pêche du bateau.
Gaël Le Meur, conseillère régionale de Bretagne (DVG)
Pour passer du papier à la réalisation du prototype, il faudra l'adhésion de la filière pêche. D'autres présentations sont prévues cet automne.
Reportage de Claire Louet et Arthur Connanec