Elle témoigne inlassablement, depuis des années. Et à 96 ans, ce ne sont pas les risques sanitaires qui l'arrêtent. Ginette Kolinka, ancienne déportée d'Auschwitz était l'invitée du lycée Saint-Sébastien de Landerneau.
"Ne me parlez pas d'envie, je vous sauterais dessus." Ginette Kolinka se veut directe lorsqu'on lui demande pourquoi elle transmet son histoire, elle qui a vécu la déportation à Auschwitz. "Il n'était pas question que je raconte quoi que ce soit au départ. Je n'ai pas parlé à personne, même pas à ma famille. Si cette histoire devait recommencer et que j'avais un enfant, je l'étranglerai de mes propres mains, pour ne pas qu'il connaisse ce que j'ai connu", rappelle-t-elle. Aujourd'hui pourtant, elle ne cesse de raconter, notamment dans les milieux scolaires.
A Landerneau, les élèves du lycée Saint-Sébastien ont pu l'écouter attentivement.
Tout était difficile. Vous avez tout le temps la mort qui est là. Tout était affreux.
Ginette Kolinka a 19 ans lorsqu'elle arrive à Auschwitz. Son frère et son père seront gazés dès leur arrivée. Elle passera 15 mois en captivité, aussi dans les camps de Bergen-Belsen et de Theresienstadt.
Sur nos cartes d'identité, un gros tampon marqué juif
"C'est l'usine de la mort, cette fumée, cette odeur", Ginette Kolinka décrit tout, sans détour, aidée par des photos. Elle évoque la faim, les travaux forcés, la nudité imposée avec la tonte et le tatouage (le sien se trouve près du coude), les latrines collectives. Après la Libération, à son retour à Paris, elle ne pèse que 26 kilos. "On ne voyait plus que mes articulations."
"La haine c'est la cause de tout ce qui est arrivé pendant cette période. On déteste quelqu'un parce qu'il n'est pas comme vous. On déteste quelqu'un parce qu'il est dit que les Juifs sont comme-ci."
Pendant la Seconde Guerre mondiale, six millions de Juifs ont été tués, victimes de l'idéologie nazie.
Faut pas oublier des événements comme ça. C'est très marquant, ce qui m'a choqué ce sont les conditions d'hygiène dans lesquelles elle a vécu. Je la trouve courageuse, de raconter tout ça.
Ginette Kolinka place ses espoirs dans les jeunes, dans les professeurs pour perpétuer l'histoire de cette période. "Ce sont eux qui ont notre avenir en main."
A lire, pour en savoir plus sur Ginette Kolinka
"Le Mémorial de la déportation des Juifs de France" par Beate et Serge Klarsfeld, Paris, 1978
"Ginette Kolinka : une famille française dans l'histoire", par Philippe Dana, Paris, Kero, 2016
"Retour à Birkenau", Ginette Kolinka et Marion Ruggiéri, Paris, Grasset, 2019