Florence Arthaud, Femme libre. Un roman graphique pour rendre hommage à la petite fiancée de l’Atlantique

C’est l’histoire d’une rencontre entre un dessinateur qui voyage entre ses palettes d’aquarelles et ses tubes de couleur, et d’une navigatrice qui a fait plusieurs fois le tour du monde sur ses bateaux. Ils auraient pu se faire face sans rien avoir à se dire, mais entre leurs deux univers, ils ont trouvé le point commun. L’aventure. Sur les pages ou sur les mers, c’est elle, qui les fait avancer.

"Quand elle est arrivée sur les pontons de Saint-Malo en 1978, elle avait à peine 20 ans, vous vous rendez compte ?"  Dès qu’il commence à évoquer la silhouette de son héroïne, Pascal Bresson s’anime. "C’était une petite crevette, mais aussi une sacrée nana."

" A l’époque, rappelle-t-il, on navigue à la carte et au sextant, il faut trois semaines ou un mois pour traverser l'Atlantique. Les vieux loups de mer pensent encore qu’une femme à bord, ça porte malheur. Et elle, elle s’engage pour la première Route du Rhum."

Sur les pontons, à côté de son bateau, il y a ceux de Tabarly ou de Kersauson. Florence Arthaud est toute petite, toute menue, mais elle a bien l’intention de leur montrer que la voile ce n’est pas qu’une histoire de gros bras et de testostérone.

La mer pour être libre et se sentir vivante

Dans les pages du roman graphique, on découvre le début de l’histoire. Trois ans plus tôt, alors qu’elle file sur ses 17 ans, Florence Arthaud a  un grave accident de voiture. A sa sortie du coma, elle doit réapprendre à parler, à marcher, à manger. Sa vie a failli s’arrêter dans un crissement de pneus, elle décide de Vivre. Elle quitte la maison familiale et part apprendre à naviguer.

On n’avait rien, mais on avait des bateaux et on avait la liberté

Florence Arthaud

La jeune femme termine 11ème de sa première Route du Rhum. "Déjà, les marins ne la regardent plus tout à fait pareil, raconte Pascal Bresson, elle l’a fait, elle a traversé l’Atlantique. "

"Sur un bateau, on est seul au monde, mais c’est là qu’elle se sentait bien. Elle a pourtant connu des coups de tabac, des avaries, des mâts qui se brisent, des voiles qui se déchirent, son bateau qui se retourne, une fausse couche à bord pendant la Route du Rhum. D’autres auraient craqué, baissé les bras, pas elle, salue l’auteur. Elle a tenu le choc. Non pas parce qu’elle voulait prouver qu’elle pouvait y arriver en étant une femme, elle a tenu parce que c’était ce qu’elle voulait, vivre sur l’eau. C’est là qu’elle se sentait vivante, libre."

Entre les cases des planches dessinées, on sent le souffle du vent, la force des vagues. "Pour un dessinateur, il n’y a rien de plus dur que de dessiner la mer témoigne Pascal Bresson. Elle change sans arrêt de couleur. Un instant elle brille, un clignement d’œil et elle peut devenir grise et menaçante." Sophie Ruffieux a fait les dessins de ce livre parce que je voulais de la douceur pour évoquer cette femme hors du commun.

La petite fiancée de l'Atlantique

En 1990, Florence Arthaud, sur un bateau doré passe la ligne d’arrivée en tête. Elle est la première femme à remporter la Route du Rhum. Elle est surnommée, la petite fiancée de l'Atlantique.

"Elle a navigué partout, bourlingué". Pascal Bresson sourit, "elle avait une démarche de cowboy, elle parlait avec une espèce de gouaille, et en même temps, on sentait une fêlure, une fragilité. C’était à la fois une femme assez forte pour affronter les océans et le regard des autres marins et une femme fragile. "

Florence Arthaud est décédée en 2015 dans un accident d’hélicoptère pour le tournage d’une émission.

Pascal Bresson a mis un peu de temps pour réussir à trouver les mots justes, ceux qui racontent la passion de Florence Arthaud, son rêve d’aller voir ce qu’il y a derrière la ligne d’horizon.

Il en a fait un livre plein d’espoir pour dire aux jeunes femmes, " allez –y, faites comme elle, foncez, vous pouvez le faire, vivez vos rêves ! " 

"Florence Arthaud, Femme libre", éditions Marabulles